L’accès réduit aux soins palliatifs par les pays pauvres dénoncé par un rapport de la HRW

Publié le 28 Août, 2012

Selon un rapport publié en juin 2011 par Human Right Watch (HRW), une organisation non gouvernementale, "60% des personnes qui meurent chaque années dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, soit le chiffre impressionnant de 33 millions de personnes, ont besoin de soins palliatifs". En outre, "plus de 3,5 millions de personnes atteintes d’un cancer ou d’un sida au stade terminal, meurent chaque année sans traitement antalgique adéquat". 
La principale cause résiderait dans "l’indifférence des autorités à l’égard de ce problème, ou du fait des restrictions légales et administratives à l’emploi des antalgiques majeurs comme les opiacés". En effet, si la Convention unique sur les stupéfiants, adoptée par les Nations unies en 1961, reconnaît que " ‘l’usage médical des stupéfiants demeure indispensable pour soulager la douleur’ et que ‘les mesures voulues doivent être prises pour assurer que des stupéfiants soient disponibles à cette fin’ ", elle affirme également que " ‘la toxicomanie est un fléau pour l’individu et constitue  un danger économique et social pour l’humanité’ contre lequel il faut lutter ". S’il existe bien un organe en charge de veiller au respect de ces deux obligations par les Etats, l’organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) à Vienne en Autriche, il s’avère que "les préoccupations sanitaires passent après les motivations répressives".
Pour Diederik Lohman, chercheur senior au département santé et droits humains de HRW, "en fin de vie, les personnes atteintes de maladies incurables, comme le cancer, ont besoin d’être soulagées par la morphine". Or, précise-t-il, "dans le cadre de la guerre contre les drogues, des règlements et des lois ont été mis en place, et ils constituent des obstacles à la lutte contre la douleur. Les patients sont des victimes collatérales invisibles".
En pratique, "les inégalités territoriales se reflètent dans l’usage médical de la morphine". En effet, "près de 90% de la consommation mondiale est le fait de l’Amérique du Nord et de l’Europe, tandis que les pays à revenu faible ou intermédiaire n’en représentent que 6%, bien qu’ils abritent près de la moitié des personnes souffrant d’un cancer et plus de 90% des patients affectés par le VIH".
Selon HRW, "le fait que de nombreux pays ont adopté des règlementations allant bien au-delà de ce qu’exige la Convention unique, [crée] souvent des procédures complexes pour s’approvisionner , stocker et délivrer des médicaments contrôlés, qui entravent l’accessibilité pour les patients qui en ont réellement besoin pour des raisons médicales". A titre d’exemple, en Ukraine, "il faut quatre signatures de médecins pour délivrer une ordonnance ou modifier la dose prescrite pour un stupéfiant".
Depuis quelques années, HRW reconnaît que l’OICS insiste de plus en plus "sur la nécessité  de l’accès aux antalgiques majeurs". Elle "n’en appelle pas moins les Etats à tout faire pour respecter ce qu’elle considère comme ‘un droit humain’ ».
 

Le Monde (Paul Benkimoun) 28/08/12

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