Le clonage animal tend vers l’industrialisation, ce qui a été illustré en novembre par l’annonce de la société chinoise Boyalife Group’s (cf. Gènéthique du 24 novembre 2015 et 3 décembre 2015). Pour Alexandra Henrion Caude, généticienne et directrice de recherche à l’Inserm, interrogée par Atlantico, « on est clairement là sur un nouvel effet d’annonce pour faire monter la valeur de l’entreprise et familiariser le public avec le clonage ». Elle met en garde : « il faut être extrêmement vigilant dès qu’il est question d’industrialiser un processus biologique ».
Le clonage humain est lui possible depuis 2013. En France, « on se croit protégé juridiquement contre le clonage, alors que c’est faux », dénonce Alexandra Henrion-Caude ; « nous n’avons plus aucun frein dans la législation française actuelle pour ne pas pratiquer nous même le clonage humain » explique-t-elle, en citant l’article 16-4 du code civil. Au niveau international, « il n’y a pas non plus de consensus d’interdiction ». Pourtant, « avant même d’être techniquement envisagé, le clonage humain a toujours été craint, dans une sorte d’inquiétude sur le sort de l’être humain comme pour les mélanges hommes-animaux ».
« Supprimer les verrous législatifs, techniques, et aujourd’hui commerciaux, avec l’annonce de Boyalife, au clonage humain, ouvre la voie à la création de variétés humaines sélectionnées. Supprimer ces verrous traduit une néantisation de l’homme dans son altérité », conclue-t-elle.
Atlantico (2/01/2016)