Dans La Croix, plusieurs lecteurs reviennent sur le dossier "la tentation du bébé parfait" (cf. synthèse de presse du 28/02/07).
"Je sais pour le vivre, que le handicap est un drame. Mais faut-il pour autant ne viser que la perfection ?", écrit Françoise. "Qu’est-ce qu’un bébé parfait ?", s’interroge Marie-Josèphe Viennot : "Celui qui naît avec tous ses doigts ? avec des yeux bleus azur ? avec des oreilles aux contours réguliers ? Celui dont on peut espérer qu’il sera un jour médecin ou avocat….". Son fils Thibault est polyhandicapé, a tous ses doigts et de beaux yeux verts… Et, s’il est une charge au quotidien, "quelle richesse en retour !", s’exclame-t-elle.
Le docteur Anne Pépin parle sans détour d’eugénisme à la vue des "sommes considérables réservées aux dosages, chez toutes les femmes enceintes, des marqueurs sériques qui n’ont d’autre but que d’évaluer le risque d’affections chromosomiques aujourd’hui incurables (…) qui conduisent pratiquement systématiquement à des amniocentèses, même si le risque de fausse couche encouru par ce prélèvement est plus grand que le risque estimé d’anomalie chromosomique" et à "l’absence de fonds publics réservés à la recherche sur la trisomie 21 qui est une obsession médicale". C’est pour tout cela qu’elle dit avoir arrêté de faire des échographies dont elle n’est pas certaine "qu’elles sauvent plus de mamans et de bébés qu’elles ne condamnent d’enfants".
Un autre lecteur, dont la sœur est autiste, se demande comment les parents pourraient accepter "une naissance "anormale" d’un enfant qui sera toujours un handicapé, un "à charge"" dans une société qui sélectionne de plus en plus ses enfants avant qu’ils naissent. Comment la société évoluera-t-elle alors qu’une personne handicapée est une "charge" pour elle ? Dira-t-elle aux parents : "maintenant, vous savez, donc "vous faites avec" ; alors qu’on sait très bien qu’il est impossible "de faire avec", en tout cas tout seul" ?
La Croix 14/04/07