La sensibilité du fœtus et du nouveau-né à la douleur

Publié le 3 Déc, 2020

Dans une communication au 20e congrès de la Société française d’étude et du traitement de la douleur (SFETD), le Pr Pierrick Poisbeau fait le point sur le sujet de la douleur chez le jeune enfant. Après avoir été niée par les médecins « pendant de nombreuses années », en se fondant sur « l’immaturité du système nociceptif[1] et de la myélinisation des circuits de la douleur », des travaux[2] ont permis de montrer que « l’organisation neuroatomique du système nociceptif est en réalité pleinement fonctionnelle au début du troisième trimestre de la vie fœtale ». Un système d’une « très grande plasticité » qui rend le prématuré « extrêmement vulnérable aux hyperstimulations sensorielles », le marquant durablement[3].

En effet, « les circuits qui permettront l’acheminement de l’information nociceptive jusqu’au cortex cérébral subissent une maturation pendant les deux derniers trimestres de la grossesse », et jusqu’aux « premiers mois qui suivent la naissance ». Ainsi, « plusieurs études cliniques » indiquent des réponses « atypiques » à la douleur chez des adultes ou des adolescents qui ont été hospitalisés en soins intensifs, nouveau-nés ou prématurés. De même en est-il « du déficit d’interaction mère-enfant, qui semble laisser une empreinte à long terme au sein même du système nociceptif ».

En juillet 2020, l’International Association for the Study of Pain (ISAP) a proposé une nouvelle définition de la douleur. Elle parle d’une « expérience sensorielle ou émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle »[4]. Une définition qui autorise la prise en compte du « phénomène douloureux » chez « les sujets non communicants ou qui ne sont pas en situation de la décrire ». En effet la douleur est une notion complexe, « qui est avant tout une expérience personnelle, influencée par des facteurs biologiques comme le sexe ou l’âge, mais aussi des facteurs psychologiques et sociaux ». Dès lors, « l’incapacité à communiquer n’exclut en rien la possibilité qu’un être humain (ou un animal) éprouve de la douleur ».

 

Source : Quotidien du médecin, Dr Gérard Bozer d’après la communication du Pr Pierrick Poisbeau (04/12/2020)

[1] La nociception se réfère à « l’activité des nerfs sensoriels, par une stimulation potentiellement nuisible et douloureuse pour l’organisme ». Elle « ne peut à elle seule rendre compte de la douleur, qui est une perception consciente, corticale »

[2] Arnand KJ et al. N Engl J Med 1987 ; 317 :1321-9

[3] Melchior M et al. Douleurs Evaluation-Diagnostic-Traitement 2015 ;16 :77-85

[4] Raja SN et al. Pain 2020 May 23 ;10.1097

Partager cet article

[supsystic-social-sharing id='1']

Synthèses de presse

Suisse : un tribunal rejette le recours du père d’un fœtus avorté
/ IVG-IMG

Suisse : un tribunal rejette le recours du père d’un fœtus avorté

Selon le tribunal fédéral, le père d'un fœtus avorté n’est pas titulaire « du bien juridiquement protégé qui est la vie ...
blood-1813410_1920
/ Génome

Hémophilie A : des résultats positifs de la thérapie génique Pfizer en phase III

Mercredi, l’entreprise Pfizer a annoncé que sa thérapie génique l’hémophilie A, a été « couronnée de succès » lors d'un ...
Changement de genre chez les mineurs : la WPATH « coupable » d’une « fraude scientifique majeure et inqualifiable »
/ Genre

Changement de genre chez les mineurs : la WPATH « coupable » d’une « fraude scientifique majeure et inqualifiable »

La WPATH a recommandé la prescription de « bloqueurs de puberté » et d’hormones du sexe opposé, sans attendre les conclusions ...

Textes officiels

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres