Plan décennal soins palliatifs, douleurs et fin de vie : renforcer la médecine de la douleur

12 Juin, 2023

La future stratégie décennale sur la fin de vie et les soins palliatifs (cf. Vers un plan décennal pour les soins palliatifs ?) inclura la prise en charge de la douleur. Trois priorités ont été identifiées par la Société française d’évaluation et de traitement de la douleur (SFETD) : l’accès à certaines thérapeutiques, le dépistage des patients et la formation.

Depuis plusieurs années, la SFETD espère le retour d’un plan national sur la douleur afin de renforcer l’offre de soins (cf. La prise en charge réelle de la douleur serait « une révolution éthique »).

« Nous sommes très contents de l’annonce de ce plan, et nous travaillons activement à formuler des propositions » déclare le Pr Valéria Martinez, présidente de la société savante. La future stratégie conjointe aux soins palliatifs et à la douleur est une « grande satisfaction » précise-t-elle, à condition toutefois que cette stratégie ne se limite pas à la douleur en fin de vie. Elle permettra de « trouver des interfaces communes » et de « développer des synergies ».

Des thérapeutiques peu accessibles

En matière d’accès aux thérapeutiques, Valéria Martinez cite l’exemple de l’analgésie intrathécale dans la prise en charge des douleurs réfractaires (cf. Anne-Marie Trébulle : « Apprenons à soulager la souffrance, les souffrances, avant de mettre en place des solutions extrêmes »). « Sur les 4 500 patients par an qui présentent une douleur intense réfractaire en fin de vie, environ 3 000 pourraient être candidats, mais il n’y a que 300 poses par an », indique la présidente de la SFETD qui relève le manque de moyens et de personnels formés.

Nicolas Authier, psychiatre et pharmacologue au CHU de Clermont Ferrand, redoute pour sa part que l’accès au topiramate pour le traitement de la migraine soit désormais plus difficile. En effet, depuis mai 2023, seuls les médecins neurologues ou pédiatres peuvent initier ou renouveler ce traitement. Ces spécialités sont très peu présentes dans les structures douleur chronique.

« Trop de patients sont en errance »

Le dépistage des patients à risque de douleur chronique est la deuxième priorité identifiée par la SFETD .

Au moins 12 millions de Français souffrent de douleurs chroniques, soit plus de 20 % de la population française déclarant des douleurs chroniques d’intensité modérée à sévère, d’après les données du livre blanc de la société savante publié en 2017.

« Trop de patients sont en errance à cause de douleurs elles-mêmes déclenchées par des soins » insiste Valéria Martinez qui évoque les effets de certaines radiothérapies, chimiothérapies ou chirurgie (cf. Le traitement de la douleur chronique : une priorité de santé publique pour la prévention du suicide).

La SFETD souhaiterait faire reconnaître la douleur chronique comme une maladie à part entière nécessitant une prise en charge globale. Elle ne doit plus être considérée uniquement comme un symptôme.

Une « pénurie imminente » de médecins

La troisième priorité est celle de la formation des médecins, compte tenu de la pyramide des âges observée. Une « pénurie imminente » de médecins de la douleur est redoutée du fait des prochains départs en retraite. Selon la SFETD, environ un spécialiste de la douleur sur quatre va partir à la retraite d’ici à cinq ans, sans certitude d’être remplacé.

La SFETD demande une reconnaissance de la médecine de la douleur comme une spécialité à part entière. Une réflexion est déjà engagée pour mettre en place un diplôme d’études spécialisées commun avec les soins palliatifs.

La création d’une pratique avancée infirmière est une autre piste de réflexion commune pouvant être envisagée avec les soins palliatifs.

Pour les infirmiers ressource douleur, le protocole de coopération national est le sujet le plus avancé. Cinq équipes ont été sélectionnées pour rédiger ce protocole. « La DGOS encourage les équipes à ne pas se limiter dans les dérogations possibles », indique Karine Constans, responsable de la commission infirmière de la SFETD. La Haute Autorité de santé rendra un avis sur ce protocole quand il sera rédigé. Un arrêté permettra ensuite sa mise en œuvre.

 

Sources : Hospimedia , Jérôme Robillard (09/06/2023) ; Quotidien du médecin, Damien Coulomb (09/06/2023)

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