17 médecins reviennent, dans une tribune du Monde, sur trois questions soulevées par la proposition de loi sur la fin de vie débattue à l’Assemblée : la sédation en phase terminale, les directives anticipées contraignantes et le droit à l’objection de conscience.
Rappelant leur souci du patient, leur volonté de protéger le plus faible, et lucides sur les difficultés rencontrées en fin de vie aussi bien par le malade que par ses proches ou par les soignants, ils sont néanmoins catégoriques : « Modifier aujourd’hui le fragile équilibre de la loi fin de vie mettrait en danger notre système de santé ». Forts de leur expérience médicale, ils dénoncent un débat « politique plutôt que médical ».
Ils préfèrent aux directives anticipées contraignantes, un « dialogue renouvelé avec le patient et ses proches ». Tenir compte des désirs des patients tout en laissant au médecin sa compétence et sa responsabilité. Le médecin n’est pas « simple exécuteur des prescriptions de ses patients », sinon c’est un « régime de défiance » qui s’instaure.
Ils dénoncent la « solution de facilité » que deviendrait la sédation si le projet de loi est voté. La « décision d’une sédation doit avoir pour seule intention de soulager le patient ». Le « droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès » est une « idée à haut risque » : « l’étiquetage ‘fin de vie’ pourrait encourager les protocoles de sédation visant le décès ».
Enfin, ils dénoncent l’«‘euthanasie’ masquée » de la proposition de loi, qui permettrait des « revendications euthanasiques » sans que les médecins ne puissent bénéficier d’une clause de conscience. Les « mots qui fâchent ne sont pas prononcés », mais notre système de santé n’en est pas moins « menacé ».
Les signataires de la tribune sont :
Olivier Claris (Professeur de néonatologie et réanimation néonatale), Arnaud Scherpereel (Professeur d’oncologie-pneumologie psychiatrie), Robert Moulias (Professeur de gériatrie)
Autres signataires : Jean-Etienne Bazin, Joël Belmin, Thierry Constans, Loïc de Parscau, Marlène Filbet, Alain Franco, Régis Gonthier, Luc-Marie Joly, Olivier Jonquet, Christian Rose, Damien Salanville, Emmanuel Sapin, Jean-Louis Terra, Bruno Vergès, professeurs de médecine.
Le Monde 09/03/2015