Mise en place à la suite de l’affaire Sébire*, la mission Leonetti, chargée d’évaluer la loi sur la fin de vie, auditionne depuis un mois médecins, sociologues, philosophes et citoyens. Mercredi, c’était au tour des parents d’Hervé Pierra d’être entendus par les quatre députés composant cette mission (Jean Leonetti – UMP, Gaëtan Gorce, PS – Olivier Jardé, Centre – Michel Vaxès, PC).
Suite à une tentative de suicide, Hervé Pierra plonge dans un état végétatif persistant. Au même moment, la France entière suit "l’affaire Humbert" et les travaux de la Commission parlementaire sur la fin de vie. Promulguée le 22 avril 2005, la loi Leonetti, qui accorde au patient, qu’il soit en fin de vie ou non, la liberté de refuser "tout traitement", le texte incluant expressément dans cette disposition l’arrêt de l’alimentation artificielle, redonne "espoir" aux époux Pierra qui demandent le retrait de la sonde d’alimentation de leur fils. Ce que refuse, à plusieurs reprises, l’équipe médicale. Après 14 mois de confrontation, c’est finalement le Dr Régis Aubry, président du Comité national du développement des soins palliatifs qui, répondant favorablement à la demande des parents, permettra qu’on débranche Hervé. Il mettra six jours pour mourir de faim dans d’atroces convulsions. (Pour en savoir plus, consultez la Lettre Gènéthique de mai 2008 – N°101)
Mercredi, l’audition des parents d’Hervé tournait autour de la question : "pensez-vous que la loi a été mal appliquée ou qu’elle est insuffisante ?". Adhérents à l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) et favorables à l’instauration d’une "exception d’euthanasie", les époux Pierra dénoncent "l’hypocrisie du laisser-mourir" mis en place par la loi de 2005. Pour Jean Leonetti, le texte actuellement en vigueur "n’est pas une loi du laisser-mourir" mais "une loi de stratégie thérapeutique".
L‘ADMD qui avait demandé à être auditionnée par la mission Leonetti (cf. Synthèse de presse du 14/05/08) devrait l’être le 4 juin prochain.
Par ailleurs, nous apprenons que le député UMP des Hautes-Alpes, Henriette Martinez, a déposé, le 7 mai dernier, une proposition de loi relative à "l’aide active à mourir". Lire la proposition de loi
*Agée de 52 ans et atteinte d’une tumeur incurable, Chantal Sébire avait demandé à la justice, mercredi 12 mars, la possibilité de "bénéficier d’un suicide médicalement assisté" (cf. Synthèse de presse du 13/03/08). Sa demande avait été refusée par le tribunal de grande instance de Dijon le 17 mars (cf. Synthèse de presse du 18/03/08). 2 jours plus tard, elle était retrouvée morte à son domicile, après avoir absorbé un barbiturique (cf. Synthèse de presse du 20/03/08).
www.assemblee-nationale.fr – La Croix (Marine Lamoureux) 30/05/08 –