La « médecine personnalisée » est à la mode. Ce terme largement utilisé dans les médias et par nos politiques consiste à traiter chaque patient de façon individualisée en fonction de ses spécificités génétiques et biologiques, de son environnement et de son mode de vie. Elle passe par l’utilisation de « thérapies ciblées », qui consistent à « faire du ‘sur mesure’ pour chaque patient, pour une plus grande efficacité de la prise en charge ».
Toutefois « des voix s’élèvent » pour lui préférer le nom de « médecine de précision » ou encore « médecines des 4P[1] ». C’est le cas de Jean Claude Ameisen, président du CCNE : pour lui, la médecine personnalisée est « une escroquerie en ce qu’elle prétend s’adresser à la personne à travers le biologique, au risque de réduire l’une à l’autre ».
La question « qui reste à travailler est celle du statut de la personne en son sein, alors que le concept de personne est tout (théologique, juridique…) sauf biologique, alors que le vivant est ce qui est excès et ne saurait être englobé dans la médecine holistique », conclut le Quotidien du médecin.
Note de Gènéthique : Dans son dernier avis sur les tests génétiques, le CCNE aborde cette question et met en garde contre ce terme « faux ami » : il est à entendre dans le sens d’une médecine « sur-mesure » faisant appel à des médicaments adaptés au métabolisme du patient, mais pas dans le sens d’une « médecine de rapprochement avec le patient, de partage de son intimité ». Au contraire la médecine personnalisée « désincarne la personne pour en coder les particularités ».
[1] Prédictive, Préventive, Personnalisée, Participative.
Le Quotidien du Médecin (28/01/2016)