Pour la quatrième année consécutive, découvrez une masterclass en science et éthique dédiée aux soignants.
L’année 2020 et sa pandémie marqueront pour longtemps le monde en général et le monde de la santé en particulier. Cet arrêt sur image, planétaire, a provoqué paradoxalement une cascade d’effets spéciaux dans la société, et fait de nos soignants des cascadeurs au sens propre du terme : prêts à tous les dangers pour accomplir leur mission, au mépris des règles d’équilibre et de sécurité personnelle qui s’appliquent au commun des mortels. Conscients qu’ils étaient “au front”, bravement, ils ont donné leur maximum, emmagasinant pour plus tard, quand ils en auraient le temps, leurs indignations et leurs questions légitimes face à la situation d’urgence. Subissant des choix de santé publique imprudents qui ont réduit l’hôpital à une peau de chagrin, ils ont dû en affronter les conséquences inhumaines : comment répondre à la demande de soins pour tous, sans trier parmi les patients ni accélérer la mort des uns ou des autres pour libérer des lits ? Comment “être tout à tous”, pour témoigner d’un minimum d’humanité aux mourants tandis que ni leurs familles ni leurs accompagnateurs spirituels n’ont le droit de les assister ? Comment ne jamais oublier, malgré l’urgence et la pression, que derrière ces yeux fermés sur la vie qui file et la mort qui approche, c’est le mystère infini d’une personne qui va affronter le grand moment de sa vie ? Le grand passage vers la Vie pour les croyants, le grand néant pour les autres. Dans tous les cas, un moment d’une gravité unique. Comment rester humain, avec eux et leurs familles, en suivant les consignes de l’hôpital ou de l’EHPAD ? Comment respecter le secret médical tout en préservant les nécessaires mesures de prudence face à l’épidémie ?
Toutes ces questions ne sont pas nouvelles, mais d’habitude étouffées, elles sont amplifiées par l’actualité douloureuse et doivent être entendues car elles révèlent les critères politiques et anthropologiques qui régissent la santé publique et notre attitude intérieure envers les plus fragiles. Face à ce constat, certains pensent que la société d’après sera la même en pire, et d’autres, dont nous font partie, espèrent que les soignants pourront affronter ces dilemmes éthiques et y apporter les meilleures réponses dans l’exercice quotidien de leur belle mission.
C’est dans cet esprit que nous avons créé la Master-class Jérôme Lejeune, Science et Ethique, des fondements à la pratique, pour aider les jeunes médecins, étudiants en médecine, soignants, chercheurs, biologistes, à répondre à ces questions éthiques complexes les mettant en situation difficile. Sensibles à leurs préoccupations, nous leur proposons avec la Master-class Jérôme Lejeune une réflexion sur les fondamentaux anthropologiques et scientifiques nécessaires pour pratiquer une médecine hippocratique responsable au sein de leurs structures professionnelles. Cette formation s’appuie sur les fondements de la bioéthique, l’actualité scientifique et les évolutions juridiques pour arriver aux applications pratiques. Délivrés par des professeurs universitaires, médecins, chercheurs, philosophes, juristes, (Pr Bayle, Pr Bellantone, Pr Rémi Brague, Pr Ducrocq, Pr Flavigny, JM Meyer, JM Le Méné, Dr Mircher, D. Moyse, Dr Paillot, J. Paillot, G. Puppinck, Pr Puttalaz, Dr Ravel, Mgr Suaudeau, A. Suramy) ces cours d’expertise s’adressent à un nombre restreint d’étudiants pour un enseignement de haut niveau personnalisé. Cette formation (70 heures de cours) donne en outre la possibilité d’obtenir un certificat d’anthropologie. Depuis trois ans, la Master-class a ainsi formé 450 étudiants, en présentiel ou en e-learning.
L’originalité de ce cursus fait qu’il ne se limite pas aux questions de début et de fin de la vie humaine (développement et dignité de l’embryon et du fœtus, critères de la mort, quel respect pour les patients en fin de vie ?), mais qu’il appréhende des sujets rarement abordés à l’université. Le module d’anthropologie propose par exemple une réflexion sur le corps humain, les critères de l’acte moral, les moyens de discernement sur le terrain, soins ordinaires/extraordinaires, soins proportionnés/disproportionnés, l’évolution de la médecine depuis Hippocrate dans les textes et dans la pratique, l’évolution du droit, les fondements de l’objection de conscience, …
Ombeline, une jeune étudiante en 3eme année de médecine nous confiait récemment : “La Master class Jérôme Lejeune m’a permis de me poser des questions, sur des cas précis, et de trouver des éléments de réponse. J’ai notamment beaucoup apprécié les cours sur l’évolution de la bioéthique : cela m’a permis d’identifier les courants philosophiques sous-jacents derrière ces changements et donc de les apprécier à leur juste valeur et me positionner. L’autre point fort de la formation est sa capacité à interroger des pratiques habituellement considérées comme acquises : la procréation médicalement assistée, le prélèvement d’organes, le dépistage prénatal, le diagnostic préimplantatoire, etc. Chaque cours nous offre à la fois un exposé technique, scientifique, avec les dernières références en matière de publication, et une réflexion éthique. Enfin, en tant que future médecin, j’ai été très sensible au regard que les professeurs de médecine qui intervenaient nous invitaient à poser sur les patients. Ils nous ont montré, par les nombreux exemples tirés de leur expérience d’accompagnement en début ou fin de vie, à quel point l’important est de rester attentif au bien du patient, et non de cocher rapidement les cases des actes techniques à poser avant de passer au patient suivant.” C’est peut-être celle-là la plus belle leçon, qui fonde toutes les autres. Celle qui donne sa raison d’être à la Master-class Jérôme Lejeune. Puisse la Master-class contribuer ainsi, modestement, à former une nouvelle génération de soignants, vrais disciples d’Hippocrate et de Jérôme Lejeune, libres d’exercer leur art pour le plus grand bien de leurs patients.
Aude Dugast, responsable de la Master-class Jérôme Lejeune
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