« La GPA met en jeu la vie d’une femme pendant près d’un an et engendre des violences tant physiques que psychologiques. » Nicole Athea, auteur de Les Marchés de la maternité aux éditions Odile Jacob, explique dans un entretien pour le journal La Croix que la gestation par autrui est « une violence faite à toutes les femmes, en les réduisant à leur fonction reproductive ». Une « forme nouvelle d’exploitation de leur corps » en somme, qu’elle dénonce comme « un néo-esclavagisme » (cf. La GPA : un combat féministe ?).
Un consentement impossible
« Quand elle signe via une agence spécialisée le contrat qui la lie aux parents commanditaires, la femme ignore ce qu’elle va vivre, car cela est imprévisible », rappelle l’auteur. Dès lors, « le consentement ne peut donc jamais être éclairé ». D’autant plus que « les femmes acceptent de porter l’enfant d’une autre parce qu’elles ont besoin d’argent » (cf. L’industrie de la GPA en Inde : les donneuses sont pauvres et n’ont pas d’autre moyen de gagner de l’argent).
« Je ne connais pas de femmes qui le fassent pour des raisons autres que financières », affirme l’auteur. Et ce, « même aux États-Unis », où il s’agit alors d’« acheter une voiture » ou d’« économiser pour l’université des enfants ».
L’enfant devenu objet
Avec la GPA, l’enfant est traité comme « un objet marchand ». Un objet parfois mis « au rebut » comme « quand des parents commanditaires refusent l’enfant parce qu’il a un handicap, un “défaut de fabrication“ » (cf. GPA et trafic d’enfants : La maman de bébé Gammy raconte).
Un enfant dont on méprise la « sécurité psychique », car « la femme ne s’autorise pas à investir la grossesse » alors que « les liens in utero participent à la sécurité psychique de l’enfant ». « On sait aussi, désormais, que la mère porteuse a une forme de lien génétique avec l’enfant, via les facteurs épigénétiques : ainsi, l’environnement utérin (les goûts, les odeurs, les émotions perçues) influe sur l’expression des gènes de l’enfant », rappelle Nicole Athea.
L’effacement de la mère
« La société elle-même veut effacer cette mère, dénonce l’auteur : de la “mère porteuse” à la femme porteuse et, désormais, à la “surrogate” (terme anglais qui signifie substitut, NDLR), la volonté d’effacement de la maternité est manifeste ». Et « de substitution en substitution, il n’y a plus de mères, elles ont disparu, y compris sur les certificats de naissance », affirme-t-elle.
« De même que la GPA s’est construite, elle peut se défaire. C’est un choix de société, interpelle Nicole Athea. Le marché de l’esclavage représentait beaucoup d’argent, il a néanmoins disparu. »
Source : La Croix, propos recueillis par Alice Le Dréau (29/01/2022)