Alors que 400 couples français chercheraient chaque année une mère porteuse à l’étranger, cette question fait débat : "On ne peut pas mettre le petit doigt dans ce qui est l’exploitation des femmes pour d’autres, parée de toutes les vertus de la générosité ", estime René Frydman. Beaucoup d’autres s’inquiètent d’une remise en cause du principe d’indisponibilité du corps humain qui interdit de louer ou vendre une partie de son corps, ou de faire d’un être humain l’objet d’un contrat.
Dans le dossier de La Vie consacré aux Etats-Généraux de la bioéthique, Jean-Marie Delassus, philosophe et pédopsychiatre, s’inquiète des troubles psychosomatiques de la mère et de l’enfant que pourrait occasionner cette "location d’utérus" : "On considère leur corps [des femmes] comme une usine à fabriquer." Et le Docteur Delassus de développer les effets néfastes de la séparation entre grossesse et maternité impliquée par la gestation pour autrui. "Dans un rapport de sénateurs, on peut lire cette phrase terrible : " La maternité pour autrui consiste à demander à la mère de substitution dans l’intérêt des parents intentionnels, de ne pas aimer l’enfant qu’elle porte." Est-il envisageable de demander à des femmes une défaillance psychosomatique majeure, en considérant que ce qui se joue dans leur ventre ne les regarde pas ? " Et que penser de l’intérêt d’un enfant dont le développement se fera dans un "utérus insensible", et sera donc privé d’une indispensable "complicité utero- fœtale" ? "Il n’est pas exclu qu’avec un utérus en carton on fasse des enfants handicapés psychiques en puissance", conclut-il.
La Vie (Claire Legros) 11/06/09