La GPA agit comme un incubateur de problèmes familiaux

Publié le 8 Fév, 2021

En Nouvelle-Zélande, Anna et Mark sont confrontés à la souffrance de l’infertilité. Après une fausse couche, ils décident d’avoir recours à la « gestation par autrui » (GPA). Ils se rapprochent d’une clinique de fertilité et « suivent le processus », mais leurs tentatives se soldent par des échecs. « Blasés », ils décident de se passer d’un intermédiaire officiel : une de leur connaissance sera la « mère porteuse » de leur enfant. Une sorte d’ « arrangement entre amis », sans contrat, « altruiste ». Toutefois à quelques semaines du terme, la « mère porteuse » coupe les ponts. Elle finit par réclamer la garde de l’enfant. Après une médiation, elle accepte une garde partagée à 50%[1]. « Nous ne comprenons pas ». « C’était censé être notre bébé et nous l’avions prévu ». Les commanditaires, devenus « victimes », eux qui avaient tout planifié, se retrouvent « piégés ».

L’histoire de cette famille était racontée dans le New Zealand Herald, fin janvier. Comme de nombreuses autres, elle illustre les difficultés que créé la GPA, au détriment des enfants : des déchirements entre parents commanditaires et mères porteuses à l’abandon de ces enfants, en passant par les réclamations des donneurs de gamètes pour obtenir un droit de visite, la GPA agit comme un incubateur de problèmes familiaux, relationnels.

Cette histoire révèle aussi le manque de réalisme des futurs parents, incapables de compatir à la souffrance d’une femme censée abandonner l’enfant qu’elle a porté. Dans l’expression « mère porteuse », la « mère » demeure. Certains préfèrent déjà parler de « femme porteuse », quand d’autres cherchent à faire advenir l’ « utérus artificiel ». Dans ces deux cas, la « mère » qui s’occupera de l’enfant à partir de sa naissance mais sans l’avoir porté se retrouve délibérément amputée des neufs mois de grossesse et des débuts de cette relation, irremplaçables. Dans une société « purement technologique, totalement désacralisée, et libérée de tous les tabous », le mot « mère » devient imprononçable, prédisait Aldous Huxley dans le Meilleur des Mondes. « Que la maternité devienne l’obscénité, le mal absolue, qu’on ait à ce point renversé toutes les valeurs, puisqu’elle était la seule dans laquelle les hommes avaient vraiment confiance », voilà la menace contre laquelle l’écrivain met en garde[2]. « Si vous séparez l’amour de la procréation, alors oui, la maternité deviendra l’obscénité même », expliquait déjà il y a 40 ans le vénérable Jérôme Lejeune[3].

[1] En Nouvelle-Zélande, la loi « ne prévoit aucune protection juridique pour les deux parties ». Les parents doivent passer par une procédure d’adoption. Mais ils peuvent aussi « changer d’avis » et abandonner l’enfant à la mère porteuse. La maternité de substitution commerciale est illégale dans le pays. Aucun paiement ne peut être effectué, sauf pour « des dépenses raisonnables ».

[2] Jérôme Lejeune, « Conception et gén-éthique », conférence donnée le 15 décembre 1986 à l’Académie pontificale pour les sciences – in Au commencement, la vie, Mame, 2014.

[3] Idem.

Cet article de la rédaction Gènéthique a été initialement publié sur Aleteia sous le titre : En Nouvelle-Zélande, la GPA agit comme un incubateur de drames familiaux

Camille YAOUANC

Camille YAOUANC

Expert

Docteur en pharmacie Thèse sur la clause de conscience Master en bioéthique de l'IPLH

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