La médecine personnalisée est devenue une réalité grâce aux progrès de la génomique, l’essor des biotechnologies, des nanotechnologies et des big data. Il s’agit d’« affiner les diagnostics et cibler les traitements pour soigner avec plus d’efficacité », c’est-à-dire « le bon traitement au bon moment pour un patient ». Pour mettre en place cette « médecine du futur », la France doit « relever des défis technologiques, humains, économiques et politiques ».
Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes est intervenue sur ce sujet mardi à l’occasion d’un colloque organisé par Genopôle[1] et Amgen[2].
« La France est à la pointe de la médecine personnalisée ». Forte de ce constat, Marisol Touraine a annoncé le soutien financier du gouvernement à l’« innovation en santé » : 33 millions d’euros dans le cadre du programme d’investissement d’avenir pour la recherche hospitalo-universitaire, 6 milliards d’euros dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2016, ainsi que la création d’un fond d’au moins 100 millions d’euros pour accompagner « les jeunes pousses industrielles ».
Le premier ministre a par ailleurs confié au président d’Aviesan[3] « la mission d’établir des recommandations pour permettre à la France d’introduire le séquençage du génome entier dans la pratique médicale habituelle », d’ici janvier 2016. Le gouvernement encourage aussi « les travaux de la Solution Médecine du futur » qui doit « établir une feuille de route d’ici la fin du premier trimestre 2016 ».
Pour informer et « permettre à tous d’accéder à l’innovation », Marisol Touraine a enfin annoncé « une journée nationale de l’innovation en santé », les 23 et 24 janvier 2016.
« Tout va changer » prédit-elle, c’est pourquoi nous devons repenser notre système de santé : « le patient sera acteur de sa santé, mais la médecine elle-même s’adaptera à lui ».
Dernier défi abordé par le ministre, l’éthique : « Jusqu’où sommes-nous prêts à aller ? Au-delà de la question du consentement et de l’utilisation des données, il faut se poser la question du droit au savoir et du besoin de savoir : veut-on réellement savoir dans le détail quel sera notre devenir médical ? » Le CCNE sera saisi « prochainement » sur ces questions. La réflexion vient en dernier, après l’engagement sans retour du gouvernement dans ces nouvelles technologies.
[1] Genopôle est l’un des principaux biocluster (biopôles) européens, dédié aux biotechnologies et aux biothérapies. Il rassemble des laboratoires de recherche privés et publics, des entreprises de biotechnologie, des plates formes technologiques mutualisées ainsi que des formations universitaires. Il est implanté à Evry depuis 1998.
[2] Amgen est une entreprise américaine leader de l’industrie des biotechnologies médicales.
[3] Alliance pour les sciences de la vie et de la santé