Un petit livre profond et qui en dit long. En cette conjoncture de déboussolement mondial face à la pandémie, en à peine plus de cent pages, l’auteur invite à un rigoureux examen de conscience. Sans acrimonie, mais avec une belle fermeté, elle dit en substance : « Arrêtons de paniquer, de nous comporter comme des papillons autour d’une lampe ! Asseyons-nous, calmons-nous et réfléchissons…Conserver la vie mérite-t-il de perdre ainsi la tête, de fuir ainsi en avant tête baissée, d’accepter en aveugle d’être infantilisés, assignés à résidence, de voir saccager notre économie, de brader l’avenir de nos enfants ? Que leur répondrons-nous quand viendra l’heure des comptes à rendre ? La vie est-elle vraiment le bien suprême ? Si on lui accorde avec raison l’alpha, faut-il aussi la créditer de l’oméga ? Tout cela pour quelque chose qui tue six mille fois moins que le cancer, et trois mille fois moins que le tabac ?! »
Alexandra Laignel-Lavastine déploie ainsi son talent d’écrivain et la sage pondération du philosophe pour remettre les bons repères à la bonne place.
Pour cela, outre des considérations bienvenues de bon sens, elle convoque des personnages qui aideront le lecteur à prendre le recul qui convient ; c’est ainsi qu’au fil des pages sont cités avec pertinence Tocqueville, Hannah Arendt, Jan Patocka et son disciple Vaclav Havel. Citons entre tous, Bernanos : « Seul celui qui a perdu son âme ne pense qu’à sauver sa peau ».
Une rude leçon, administrée de façon concise et claire, à l’exception de deux notions que la brièveté de l’ouvrage n’a permis que de citer allusivement : l’héritage des Lumières et l’épouvantail populiste, que l’auteur agite, sans autre précision.
Éditions : Le Bord de l’Eau – Nombre de pages : 107 – Date de parution : Novembre 2020