L’arrêt Perruche et ses conséquences n’ont pas laissé indifférent la communauté juive. Dans un article du 13 décembre dernier, le Grand Rabbin Gilles Bernheim exprime son indignation. Cette affaire devrait inspirer compassion et conduire la société à encourager la solidarité nationale, estime t-il. Or cette décision remet en cause les bases de la solidarité naturelle qui devrait s’exercer à l’égard des personnes handicapées, tout en offensant leur dignité.
Le Grand Rabbin estime qu’une telle décision va encourager les médecins à prescrire au moindre doute des avortements, dont certains sans nul doute entraîneront la suppression d’enfants “normaux”.Il craint également “l‘élaboration de normes qui déterminent qui a le droit d’exister et qui n’a pas ce droit”. “Impossible de nier qu’il ne s’agisse de normes eugéniques” ajoute t-il.
Or, il dénonce les pressions eugéniques déjà mises en oeuvre par l’État, qui bien que non imposées, sont suffisamment pressantes pour inciter les citoyens à y céder. “La liberté d’avorter – dans la société française- devrait être appréciée au regard de ces pratiques, génératrices de consensus mous contre lesquelles résister suppose d’être héroïque. Le droit n’est pas fait pour les héros” ajoute t-il “et il se doit de nous protéger contre nos pulsions mortifères et d’accepter les personnes telles qu’elles sont, et non telles que la société désire qu’elles soient”.
Les réactions de l’opinion publique montrent que la société attend une autre justice qui reflèterait “ plus profondément les interrogations de notre société. Telle est la démarche du débat talmudique : les rabbins du Talmud s’expriment au non d’un projet d’humanité et non pas seulement en fonction des urgences de l’heure.”
Actualités juives hebdo (Grand rabbin Gilles Bernheim) 13/12/2001