La presse annonçait il y a quelques jours la naissance d’Iris, premier bébé français conçu avec la technique de la maturation in vitro (MIV).
Une nouvelle méthode d’AMP
La maturation in vitro est une nouvelle technique d’assistance médicale à la procréation basée sur le même principe que la fécondation in vitro (FIV) classique : ponction des ovocytes ou des ovules, prélèvement du sperme, fécondation in vitro puis réimplantation dans l’utérus. Mais avec la MIV on développe dans l’éprouvette les ovocytes (ovules non matures) en ovules. Dans le cas de la FIV, la maturation de l’ovule se fait dans l’ovaire par des piqûres d’hormones. La MIV éviterait donc à la femme les nombreuses et contraignantes injections d’hormones pour stimuler les ovaires.
Depuis 20 ans chez l’animal
La maturation in vitro n’est pas une nouveauté : depuis 20 ans déjà les biologistes l’utilisent pour la reproduction animale en remplaçant par cette technique la maturation in vivo de l’ovocyte. Dès 1982 les chercheurs américains avaient fait naître un veau de cette façon. Depuis, la MIV est pratiquée avec succès chez les ovins, les caprins, les porcins et les équins. Mais le passage d’une espèce à l’autre a été difficile car il a fallu adapter l’environnement : hormones, durée de maturation, température…
Et chez l’homme ?
Jusqu’à présent, quelques naissances issues de cette technique ont été obtenues en Australie et au Canada. Sur les 700 femmes qui auraient essayé cette technique à travers le monde, seulement 200 auraient mis au monde un bébé depuis 1991. La technique est peu employée en raison de son taux d’échec élevé.
Selon René Frydman, la MIV ne s’adresse qu’à certaines femmes, celles qui souffrent d’ovaires polykystiques, et n’a jamais été employée chez “une femme standard”.
Sans doute est-ce encore trop peu performant et moins rentable qu’une FIV classique pour les femmes qui peuvent produire des ovules mûrs. Une étude parue dans Gynecology Obstetrics en octobre 2002 comparant les résultats obtenus par MIV et par FIV est très claire : 26 % des femmes ayant eu recours à une MIV ont eu une grossesse et seulement 16% ont mis au monde un bébé, alors que 38 % des femmes ayant eu recours à une FIV ont eu une grossesse et 26% ont donné naissance à un bébé. Les taux de réussite de la MIV sont donc bien en deçà des taux de la FIV pourtant peu élevés.
Interrogé sur cette naissance, le biologiste Jacques Testart, “père” d’Amandine, premier bébé éprouvette, trouve que pratiquer la maturation in vitro directement chez l’humain, sans passer par des expériences sur le singe, est dangereux.”On prend peut-être le risque de créer des anomalies chez ces enfants. Et en donnant ainsi la possibilité de créer facilement des ovules, on ouvre la voie au clonage, car ce qui est difficile pour les apprentis-cloneurs, c’est de trouver des ovules disponibles“. D’autres bébés MIV, devraient naître au cours des prochaines semaines à l’hôpital Béclère.