Des chercheurs américains de l’université de Yale, dirigés par le Dr Laura Niklason, ont réussi à reconstituer in vitro des poumons de rat par ingénierie tissulaire. Récemment, c’est une équipe de Boston qui était parvenue à produire des greffons de foie à partir de foies ischémiques de rats (Cf. Synthèse de presse du 16/06/10).
Après avoir perfusé une solution détergente dans l’artère pulmonaire et la trachée de rats adultes, les chercheurs ont placé la matrice extracellulaire restante – qui conserve la micro-architecture alvéolaire et vasculaire du poumon – dans “un bioréacteur simulant l’environnement pulmonaire foetal“. Ils ont ensuite injecté dans la trachée des cellules épithéliales pulmonaires de rat nouveau-né, et dans l’artère pulmonaire des cellules endothéliales des microvaisseaux pulmonaires. Les poumons reconstitués après 4 à 8 jours de culture ont montré les “mêmes caractéristiques mécaniques que des poumons natifs“. Les chercheurs ont alors retiré le poumon gauche de 4 rats pour y greffer un poumon gauche reconstitué. Les résultats observés sont encourageants : durant 1 à 2 heures, les poumons reconstitués implantés participent aux échanges gazeux.
Le Dr Thomas Petersen explique que les poumons “fonctionnaient bien puisque le sang quittant le poumon reconstitué avait une saturation en oxygène de 100%“. Certes, la procédure nécessite encore d’être améliorée. Mais “l’espoir est qu’un jour cette approche puisse être utilisée chez les patients atteints d’une maladie pulmonaire au stade terminal […]. Toutefois, de nombreux obstacles doivent être surmontés et nous estimons que cela pourrait prendre de vingt à vingt-cinq ans avant qu’un poumon humain reconstitué pleinement fonctionnel puisse être transplanté” explique le Dr Thomas Petersen. En attendant, les chercheurs visent à perfectionner cette technique chez le rat.
Le Quotidien du médecin (Dr. Véronique NGuyen) 25/06/10