Dans une interview au Quotidien du Médecin, Julia Kristeva, écrivain et psychanalyste explique les raisons qui l’ont poussée à créer le comité national "Handicap : sensibiliser, informer, former".
Julia Kristeva estime qu’il y a une révolution culturelle à faire dans notre pays pour combler le retard pris vis à vis de l’acceptation et de l’insertion des personnes handicapées.
Elle distingue 3 phases de l’approche du handicap dans l’histoire : au 18ème siècle, la personne handicapée apparaît comme un citoyen à part entière. Au 19ème et début du 20ème, l’État met en place les premières mesures pour les personnes handicapées, jusqu’à la loi d’orientation du 30 juin 1975 qui affirme l’implication des pouvoirs publics. Enfin, la phase actuelle qui nous pousse à changer la législation de 1975, peu lisible et obsolète.
En septembre dernier, Jacques Chirac lui confiait une mission sur le handicap et la rédaction d’un rapport. Dans ce dernier elle évoque en outre, la nécessité de créer ou de développer de petites structures où l’on tiendrait compte des difficultés et des différences de chacun. Elle souhaite ainsi ouvrir la voie à "un nouvel humanisme" en combattant "l’ignorance et la peur du handicap par un travail d’information et de formation dans tous les domaines".
Revenant sur l’annonce du handicap par le corps médical, Julia Kristeva estime qu"il y a énormément à faire au niveau du diagnostic prénatal". Constatant que "la consigne actuelle est plutôt orientée vers l’euthanasie", elle souligne qu’il est important de mieux informer les parents sur les possibilités d’accueil et de prise en charge de leurs enfants afin qu’ils puissent faire un choix éclairé au moment de n’annonce du handicap.
Pour conclure, elle estime qu’"il convient de dépasser la performance, la jouissance, l’excellence qu’entraînent de nos jours la technique et la globalisation."
Le Quotidien du Médecin (Philippe Roy) 28/04/03