Grande Bretagne : faut-il rémunérer le don d’organes, de sang et de gamètes?

Publié le 20 Avr, 2010

En Grande Bretagne, le Conseil de bioéthique de Nuffield a lancé une enquête auprès de la population afin de savoir s’il est éthique d’user d’incitations financières pour augmenter les dons d’organes, de tissus humains ou de gamètes. Actuellement le don d’organes est réglé par la gratuité et il est illégal de payer pour obtenir un organe. Cette enquête explore les moyens d’accroître les dons de la part de donneurs vivants, tels que les dons de sang ou de sperme, et d’encourager les personnes à s’exprimer sur l’utilisation de leurs organes après leur mort, en signant un registre prévu à cet effet. Plusieurs options sont proposées : des contributions financières lors des dépenses funéraires, une priorité conférée au donneur pour obtenir un organe en cas de besoin, l’envoi de certificats ou de lettre de remerciements au donneur ou à sa famille.

La demande pour des greffes d’organes a fortement augmenté ces dernières années avec le vieillissement de la population et les progrès de la médecine, de même que les demandes de dons de gamètes avec le développement des techniques d’assistance médicale à la procréation. Près de 8000 britanniques sont en attente d’une greffe d’organe et 3500 greffes ont été effectuées en 2009. L’enquête se penche sur tous types de dons : organes, sang, peau, cornées, os, sperme, ovocyte et embryons, ainsi que sur les essais cliniques testant la fiabilité des techniques médicales.

Le Pr. Dame Marilyn Starthern qui préside ce travail de consultation explique qu’elle veut explorer toutes les possibilités pour répondre à ces demandes. "Offrir une rémunération ou d’autres incitations financières pourrait encourager les gens à prendre des risques ou à aller contre leurs convictions" a-t-elle affirmé. Keith Rigg, un chirurgien spécialiste des greffes, membre du groupe de travail du conseil de bioéthique de Nuffield sur cette consultation explique qu’ "il sera intéressant de voir ce que les gens pensent vraiment. Seront-ils volontaires pour payer certaines choses et pas d’autres ?"

Joyce Robins, co-directrice du groupe de campagne pour les intérêts du patient (campaigning group patient concern), a noté qu’il n’y avait aucune personne représentant les patients dans ce groupe de travail. Elle a demandé si la question de rémunérer les dons de gamètes et d’organes était vraiment une priorité dans l’actuel climat financier. "L’idée de rémunérer des donneurs vivants d’organes est détestable car elle pourrait inciter les plus pauvres à risquer leur vie" a-t-elle dit, ajoutant que "payer les familles d’une personne venant de mourir pourrait les inciter à aller à l’encontre des souhaits de leurs proches à un moment où ils sont plus vulnérables".

La consultation durera 12 semaines, et les résultats seront publiés à l’automne de 2011.

News.bbc.co.uk 20/04/10

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