Pour Daniel Borrillo, juriste d’origine argentine, qui préface un rapport du Think Tank Génération Libre, la GPA « s’inscrit dans la continuité de l’IVG », réactualisant « la question de la disposition de soi », au nom d’une « liberté procréative ». « Nous montrons, de manière très précise, comment la GPA pourrait être légalisée en France et proposons une politique publique concrète (…) Au nom de quoi interdire à des gens qui le font de manière consciente et contractualisée de se rendre un service ? ».
Des allégations qui ne font pas l’unanimité. Des associations féministes ont lancé samedi 22 septembre, une initiative internationale en faveur de l’abolition de la gestation pour autrui (GPA) : la Coalition internationale pour l’abolition de la maternité de substitution (CIAMS) portée par 21 associations issues de huit pays différents : la France, l’Espagne, le Canada, l’Italie, l’Autriche, la Roumanie, la Suède et l’Australie. Leur objectif est de sensibiliser aux « dangers » de la gestation pour autrui (GPA), une « marchandisation » et une « exploitation du corps de la femme » au niveau des institutions internationales. Elles s’inquiètent notamment des réflexions sur la « maternité de substitution » qui ont cours depuis 2016 (cf. GPA : Que s’est-il dit à la conférence de la Haye ?) en vue de « l’harmonisation du droit international privé ».
La présidente du collectif Corp, Ana-Luana Deram constate par ailleurs que « dans le cadre des débats sur les lois de bioéthique, nous assistons à des débats où la GPA est abordée de manière de plus en plus favorable dans les médias. Les critiques sont de moins en moins présentes ». Aussi, elle estime qu’il est temps de s’« organiser pour faire entendre d’autres arguments ».
« Dans tous les pays où la GPA est autorisée, on n’a jamais vu une femme riche porter l’enfant d’une femme pauvre », souligne quant à elle Marie-Josephe Devillers, de l’association CQFD Lesbiennes Féministes.
Vendredi dernier, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait pourtant affirmé que la GPA n’était pas dans le projet de loi, déclarant que « le fait d’utiliser le corps d’une femme pour lui faire porter un enfant qu’elle ne gardera pas (…) rentre dans la marchandisation du corps humain ». Elle n’a cependant pas convaincu.
Alors que les Evêques de France viennent de publier un document unanime (cf. “La dignité de la procréation” : les évêques de France s’engagent contre l’extension de la PMA), l’Archevêque de Paris, Monseigneur Aupetit, a partagé son inquiétude ce matin au micro de RTL : « Au départ, ‘le mariage pour tous’ ne devait pas aboutir à la PMA, et on voit qu’on arrive à la PMA pour les femmes seules ou les femmes en couple (…) On arrivera très vite à la GPA au nom de l’égalité ».
Le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) doit remettre demain « son avis sur les grands thèmes attendus dans la prochaine loi de bioéthique, dont le plus polémique est l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules ». La Manif pour tous appelle à un premier rassemblement devant le siège du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), le soir même de la remise du rapport.
Afp (22 et 24/09/2018) ; La Croix, Loup Besmond de Senneville (23/09/2018) ; Jean-Yves NAu (24/09/2018)