Marie-Anne Frison Roche, professeur à Sciences Po en droit économique et régulation publie une tribune dans laquelle elle dénonce « la disparition du mot ‘mère’ dans le discours bâti sur ce qui est appelé ‘GPA’ ». Ainsi notre « novlangue invente un monde qui vend et achète des femmes et des bébés et ne reconnaît plus de mère pour son enfant ».
« Gestation » plutôt que « grossesse », réduit les femmes « à un pur état animal ». « Pour autrui » donne à cette pratique des allures de « don » et de « gratuité », alors qu’« il s’agit d’une transaction marchande, entre des acheteurs et des commerçants qui conçoivent et exécutent un contrat dans lequel est négocié l’achat et la vente d’un bébé via la location de l’utérus de la mère ».
Plus grave, la disparition pure et simple du mot « mère » ; en langue anglaise, « il est courant de dire simplement ‘surrogate’ pour ‘mère porteuse’ ». Ainsi « la mère n’est plus rien, puisque le mot a disparu : elle est une ‘porteuse’. (…) La mère n’existe plus, elle a été tuée par le langage ». Faut il rappeler que « la mère est celle qui porte l’enfant et qui accouche, peu importe l’intention qui l’anime ou qu’une autre ait quant à elle l’intention d’avoir un enfant » ?
Cette « bataille du langage », engagé par les promoteurs de la pratique construit « par les mots le marché de l’inhumain ». Remporteront-ils la « bataille du droit » ?
Le Hiffington Post (02/02/2016)