Forum européen de bioéthique : Conserver ses ovocytes… ou pas ?

Publié le 6 Fév, 2018

Du 30 janvier au 4 février, le Forum Européen de Bioéthique réunissait des experts pour initier une réflexion autour des questions de bioéthique. Cette année, le thème retenu par les organisateurs tournait autour de « Produire ou se reproduire ». Parmi les nombreuses conférences proposées, l’une d’elle abordait la question de l’autoconservation ovocytaire. Gènéthique revient sur les débats.

 

Alors que les femmes se sentent jeunes plus longtemps pensant avoir le temps d’avoir un enfant, qu’elles souhaitent démarrer leur carrière professionnelle rapidement ou subissent la pression sociale de leur employeur, la réalisation du désir d’enfant est de plus en plus tardif. Parfois, il est trop tard.

 

L’autoconservation des ovocytes apparaît pour certains comme une solution préventive à la baisse de la fertilité liée à l’âge des femmes. La question serait alors de savoir « comment l’autoriser sans l’encourager ? » propose Joëlle Belaisch-Allart, gynécologue, qui a présidé la table ronde sur le sujet.

 

Cependant, l’Académie de médecine, bien que favorable à l’autoconservation, met en garde : la technique est à relativiser, elle n’est pas l’assurance d’avoir un enfant . De plus, les risques ne sont pas négligeables. Selon Pierre Jouannet, membre de l’Académie, les chances d’avoir un enfant plus tard sont très dépendantes de l’âge où les ovocytes ont été prélevés, et un seul prélèvement d’ovocyte n’est pas suffisant.

 

Sur cette question, le CCNE[1] a rendu un avis défavorable. Il juge la technique et le rendement très faible. Frédérique Kuttenn, quis’est fait porte-parole du Comité lors de cette table ronde, insiste sur les complications possibles des stimulations ovariennes répétées et des grossesses tardives : « On croit être dans la prévention et on est dans la prise de risques ». Est-il pertinent de prendre ce risque alors que  « moins d’1% des femmes en auront besoin » ? Frédérique Kuttenn pose la question de savoir si les premiers bénéficiaires ne sont pas les employeurs ou les professionnels médicaux qui ont un outil et veulent l’utiliser ?

 

Louis Bujan, Professeur de Médecine et Biologie de la Reproduction, affirme quant à lui que « répondre par la technique à un problème de société, c’est fragiliser des personnes vulnérables ».

 

Reste une autre alternative : informer les femmes sur la baisse de leur fertilité liée à l’âge et  proposer plus de facilités aux femmes jeunes ou travaillant qui désirent avoir des enfants.

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