Marisol Touraine a lancé ce 13 décembre le premier volet d’une campagne sur la fin de vie[1]. L’idée est d’ « inviter » les professionnels de santé à parler de la fin de vie avec leurs patients. Une sommation plus qu’une invitation, à un « dialogue » très encadré, « neutre et dépassionné ».
Les français méconnaissent leurs droits dans ce domaine, un récent sondage l’a prouvé (cf. Loi sur la fin de vie : 62 % des Français n’en ont jamais entendu parler). En outre, la loi fin de vie du 2 février 2016, entrée officiellement en vigueur cet été, « crée de nouveaux droits » (cf. La CMP vote la Proposition de loi Claeys Leonetti, un texte sur l’euthanasie qui ne dit pas son nom). Deux constats qui motivent cette campagne, dont le calendrier a été bien calculé.
« Ne pas attendre la maladie pour parler de sa fin de vie » martèle la campagne, intitulée « La fin de vie, parlons en avant ». Elle se décline dans la presse professionnelle, sur les sites internet spécialisés, et met à disposition des médecins un « guide Repères ». Directives anticipées, sédation profonde et continue jusqu’au décès, personne de confiance, obstination déraisonnable, chaque thème a sa « fiche pratique ». Il s’agit de rester dans la ligne et d’expliquer ces termes comme l’entend le ministère de la Santé. «Au même titre qu’un patient a le droit de choisir son médecin et son traitement, il doit pouvoir, malade et en fin de vie, choisir de pouvoir terminer sa vie aussi dignement qu’il a vécu, sans souffrance. Rester maître de sa vie jusqu’au moment où on la quitte est un enjeu de dignité, une exigence démocratique et citoyenne » déclare Marisol Touraine. La volonté du patient est reine, elle s’impose au médecin qui a lui de plus en plus d’obligations et de contraintes. On lit d’ailleurs dans le guide, que le médecin est prié d’encourager ses patients à rédiger ses directives anticipées, directives qui lui seront opposés en temps voulu. Le libre choix des patients à l’encontre de leur médecin, est-ce leur liberté ultime, au seuil de leur vie ?
[1] Cette campagne s’inscrit dans le plan national pour le développement des soins palliatifs 2015-2018. Le deuxième volet, à destination du « grand public », sera lancé début 2017.