La Congrégation pour la doctrine de la foi vient de rappeler qu’il était moralement condamnable de cesser de nourrir et d’hydrater les patients en état "végétatif" ; précisant que l’alimentation et l’hydratation constituaient un soin de base toujours dû au malade (cf. Synthèse de presse du 17/09/07).
A la lumière de ce document, Pierre-Olivier Arduin, responsable de la Commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon, souligne les "ambiguïtés intenables" de la loi française sur la fin de vie. La loi Leonetti reconnaît au patient la liberté de refuser "tout traitement", y compris l’alimentation artificielle. "Ce qui est très grave sur le plan éthique est le fait de rapprocher alimentation artificielle et traitement médical sans plus de réflexion pour ensuite déduire que, la loi du 22 avril 2005 permettant les arrêts de traitement, celui de l’alimentation irait de soi", souligne-t-il.
Cette conclusion hâtive ignore le fait que nourrir quelqu’un est "l’acte premier de responsabilité à l’égard d’autrui" et un "geste naturel de reconnaissance de son humanité" qui répond à un besoin élémentaire. Ainsi, des éthiciens anglo-saxons suggèrent de substituer à l’expression "alimentation artificielle" celle de "nutrition médicale" afin de mettre en exergue le "caractère ordinaire de ce soin pour la conservation de la vie".
De plus, "suspendre ou ne pas entreprendre cet acte de nutrition correspond à une attitude clairement euthanasique". En effet, permettre la mort d’une personne par inanition quand on peut lutter contre sa survenue, sans acharnement thérapeutique, revient à accomplir un acte euthanasique. Tous les malades qui ont besoin d’une assistance pour se nourrir, et pas seulement les patients en "état végétatif" persistant, sont donc concernés au premier chef. "N’est-ce pas plutôt alors la vie de ces malades qui nous semble "disproportionnée" et "inutile" en raison de leur faible "qualité" ?", s’interroge Pierre-Olivier Arduin…
Ainsi, la Congrégation pour la doctrine de la foi a-t-elle rappelé avec insistance le primat de la dignité de la personne, dignité inconditionnelle qui ne se fonde ni sur des critères physiques ni sur des critères intellectuels.
Pour Pierre-Olivier Arduin, cette question de l’alimentation artificielle n’est en fait que le "cheval de Troie" d’une offensive qui vise la dépénalisation de l’euthanasie. Il rappelle ainsi que, dès 1984, la bio-éthicienne Helga Kube avait déclaré que : "si nous pouvons obtenir des gens qu’ils acceptent le retrait de tout traitement et soin, spécialement l’arrêt de toute nutrition, ils verront quel chemin douloureux c’est de mourir et accepteront alors, pour le bien du malade, l’injection létale"…
Décryptage (Pierre-Olivier Arduin) 27/09/07