« Nous plaidons pour une société fondée sur la dignité humaine reconnue chez tous et par tous. (…) Nous estimons que le moins-disant éthique pour s’aligner sur les pays voisins est un ‘piège redoutable’ ». Dans son discours d’ouverture de l’Assemblée Plénière à Lourdes, Monseigneur Pontier, président de la Conférence des Evêques de France, a rappelé les nombreux enjeux liés à la révision de la loi de Bioéthique en France. Ces enjeux sont « graves », et alors que les débats, tels qu’ils sont organisés, entretiennent des « clivages durables », il est « urgent » qu’ils deviennent plus « apaisés ».
Monseigneur Pontier pose les deux options véritables de cette révision de lois, notre société se trouvant face à un vrai « choix qu’il s’agit de réfléchir avec sérénité ». Soit nous choisissons une société « basée sur la dignité humaine », reconnue comme « un bien supérieur à considérer avec attention et respect », ce qui implique des « interdits salutaires empêchant toute atteinte à cette dignité et toute discrimination injuste », et permet de « protéger les plus faibles ». Ce choix impose le « respect des liens d’engendrement qui ne peuvent être noués et dénoués selon la seule volonté des uns ou des autres ». Ou alors nous choisissons une « société ultra libérale », donnant priorité aux libertés individuelles « sous prétexte de respecter l’autonomie des individus et de garantir toutes les possibilités de choix offertes par les techniques ». Cette société risquerait « de privilégier les plus forts, de marginaliser et d’exclure les plus faibles, et de favoriser le marché de la procréation avec ses lois de concurrence ».
Le Président de la Conférence des Evêques de France énumère quelques-uns des risques de dérives de cette « bioéthique sans références », qui provoquerait des « discriminations injustes chez les plus vulnérables » : il parle d’« eugénisme libéral », de marchandisation du corps humain « qui ruinerait la distinction entre les personnes et les choses », de « risques de brader les données personnelles », de « tentations de bousculer la spécificité de l’espèce humaine en voulant supprimer ses supposées déficiences », de transformation de la médecine et du rôle du médecin, qui deviendrait un « simple prestataire de service », soumis à la toute-puissance des algorithmes…
Monseigneur Pontier encourage le débat, mais incite chacun à se référer aux « solides repères » éthiques déjà explicités par les évêques de France, pour « réguler (…) l’usage des techniques en bioéthique et en génétique sans se laisser contraindre par les divers désirs que ces techniques suscitent », car « la raison humaine doit pouvoir trouver les chemins de sagesse pour notre avenir commun ».
Eglise Catholique en France (03/11/2018) – https://eglise.catholique.fr/actualites/dossiers/assemblee-pleniere-de-novembre-2018/actualite-de-lassemblee-pleniere-de-novembre-2018/462764-discours-douverture-par-mgr-georges-pontier/