Face au drame en Italie, des éléments pour comprendre l’objection de conscience

Publié le 23 Oct, 2016

L’annonce de la mort d’une femme alors qu’elle tentait de mettre au monde des jumeaux, grands prématurés (cf. Italie : un médecin refuse de « pratiquer un avortement » et relance la question de l’objection de conscience) intervient dans le contexte particulier d’une campagne européenne. Cette campagne, active depuis plusieurs années, veut remettre en question l’objection de conscience en matière d’avortement.

Il se trouve qu’en Italie, 80% des gynécologues obstétricien sont objecteurs de conscience.

Dans ce pays, si  les chiffres de l’avortement sont stables aujourd’hui, autour de 100000 par an, soit moitié moins qu’il y a 20 ans[1], le nombre d’IVG est en croissance dans les populations immigrées tandis qu’il continue de diminuer dans la population italienne.

Pour toutes ces raisons, il est important de faire la part entre l’emballement médiatique, la récupération qui sont possibles, et particulièrement efficaces s’agissant d’un cas extrême, et la réalité des évènements. La prudence est donc de mise…

…D’abord quant à l’appréciation des faits : l’expertise médicale doit déterminer les causes de la mort et c’est elle qui permettra de comprendre si l’IVG aurait pu ou non être un remède, ce qui serait extrêmement rare. La justice, qui a été saisie, devrait permettre de faire le point à ce sujet. Cependant, il est d’ores et déjà possible de rappeler qu’en l’état actuel des connaissances, un bébé naissant à 19 semaines n’est pas viable. Ensuite, la prise en charge de la femme étant intervenue aux urgences, il n’est pas à douter que le médecin n’était pas seul auprès d’elle.

Si le cas était avéré… Grégor Puppinck, directeur de l’ECLJ, rappelle que « l’objection de conscience a pour objectif de préserver la vie[2]. Dans ce cas, il aurait été licite d’intervenir pour sauver la vie de la mère en prenant le risque de mettre un terme à la vie de l’enfant ». Autrement dit, si le but n’est pas l’IVG mais le bien de la mère, l’acte mauvais aurait pu être pratiqué s’il avait été jugé inévitable.

En l’espèce, il faudra attendre les conclusions des expertises pour se prononcer.

 

[2] Cf. Quid de l’objection de conscience ? « Objection de conscience et droits de l’homme. Essai d’analyse systématique », parue dans la revue Société, Droit et Religion, aux éditions du CNRS (n° 6, Juillet 2016). Une copie de l’étude peut être demandée directement à secretariat@eclj.org. Voir le chapitre III. 5. a.

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