Le Figaro consacre une page entière à l’euthanasie expliquant que “l’euthanasie gagne du terrain en Europe“.
La Belgique et les Pays-Bas ont légalisé l’euthanasie. La Suisse autorise l’aide au suicide tout en précisant que “l’assistant” ne doit être animé d’aucun “motif égoïste” (art. 115 du code pénal).
Trois associations helvétiques “d’aide au suicide” accompagnent chaque année une centaine de suisses. L’une d’entre elle, Dignitas, explique le cheminement du candidat au suicide assisté : dossier médical attestant que la personne est atteinte d’une “maladie incurable” ou d’un “handicap gravissime“, rendez-vous avec l’avocat, puis avec “l’ange de la mort“, l’infirmière chargée de préparer les potions létales. Dignitas précise que jusqu’au dernier moment la personne peut renoncer à la prise de la potion mortelle et que les sursis sont possibles. L’association explique que sur 50 “accompagnements” en 2001, 39 concernaient des étrangers. C’est ce nombre croissant de “touristes suicidaires” qui inquiète la justice suisse.
Le Pr. Lucien Israël*, directeur pendant 20 ans du service de cancérologie de l’hôpital Avicenne de Bobigny, explique que “tant qu’il y a une étincelle, ce n’est pas au médecin de souffler la flamme“. Opposé à l’euthanasie, le Pr. Israël démonte les arguments avancés pour la légalisation de l’euthanasie en expliquant que la “douleur insupportable” peut être vaincue, de mieux en mieux et que “la dignité de l’être humain ne dépend pas que de ses fonctions physiologiques“. Il rappelle que dans les centres de soins palliatifs, il n’y a pas de demande d’euthanasie et que “ceux qui demandent l’euthanasie, ce sont ceux que l’on a découragé“. Ainsi dans toute sa carrière de cancérologue, le Pr. Israël n’a eu qu’une seule demande d’euthanasie. Sous la pression, il a remis une ampoule à son patient. L’homme est décédé trois semaines plus tard. L’ampoule a été retrouvée dans son tiroir, intacte.
Enfin, il s’inquiète d’une société qui n’aurait que cette solution à proposer comme solidarité au malade et il estime qu'”il n’est pas possible d’élever les enfants avec l’idée qu’il faut supprimer les vieux“.
* auteur de Dangers de l’euthanasie, ed.des Syrtes, Paris 2002.
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Le Figaro (Stéphane Kovacs) 11/10/02 – Libération (Piere Hazan) 16/10/02