La famille Bergman accuse le Dr Wing Chin de ne pas avoir administré à leur père, mort à 85 ans d’un cancer, les médicaments qui l’auraient empêché de souffrir. Le procès a lieu à Hayward en Californie. Il s’agit de l’un des tous premiers procès pour carence de soins palliatifs qui soient intentés aux Etats unis. Le Dr Wing Chin est accusé d’avoir négligé la douleur de son patient alors que des protocoles très précis et très complets existent pour soulager les patients dans des conditions satisfaisantes. Le médecin indique qu’il craignait des effets indésirables du traitement par la morphine.
De son côté, le Medical Board of California ( ce qui correspond à l’Ordre des Médecins) a refusé de soutenir la plainte des Borgman. Diverses enquêtes montrent que le praticien hésite à recourir aux analgésiques et surtout aux drogues ou narcotiques car ils craignent d’être sanctionnés par les autorités médicales disciplinaires. « Bien rares sont les médecins qui ne reconnaissent pas qu’ils limitent les traitements antidouleur pour éviter toute enquête administrative et, a fortiori, toute décision de leur pairs ou de la justice » explique le Dr Ben Rich, un bioéthicien de Californie.
En 1990, un jury de Caroline du nord avait accordé 15 millions de dollars à la famille d’un patient qui n’avait pas obtenu de traitement contre la douleur. En 1997, un tribunal de Caroline du sud a contraint un hôpital à verser 200 000 dollars à la famille d’un cancéreux non traité pour la douleur. La loi de Californie interdit tout versement d’argent pour manque de soins à un patient en état de souffrance dès lors que le patient est décédé.
Le Quotidien du Médecin 15/05/01