Des parlementaires américains et des experts ont appelé mercredi le congrès à légiférer pour interdire la pratique du clonage reproductif humain aux Etats Unis. Il n’existe actuellement aux Etats Unis aucune législation fédérale interdisant explicitement le clonage humain, malgré un moratoire de cinq ans décrété en 1997 sur toute expérience à ce sujet financée par de l’argent public. Ce moratoire ne touche pas le financement privé.
Plusieurs chercheurs internationaux sont donc invités par le Congrès à exposer le résultat de leur recherche sur la pratique du clonage reproductif. Selon son président le républicain James Greenwood, la commission s’efforcera « d’évaluer les avancées effectuées en matière de clonage humain et de déterminer si elles sont viables. Il s’agit aussi de débattre des questions éthiques que cela soulève et de déterminer si le Congrès doit légiférer ». Le président Georges W. Bush est prêt à œuvrer avec le Congrès pour interdire la recherche sur le clonage humain a indiqué mercredi la Maison Blanche.
Parmi les personnes invitées à témoigner, certaines sont toutefois très controversées. Notamment le Dr Panos Zavos, professeur de physiologie reproductive à l’université du Kentucky, membre du consortium international privé lancé par le Dr Severino Antinori qui affirme être prêt à cloner des humains et annonce avoir déjà des centaines de demandes.
Egalement contreversé, le témoignage de Claude Vorilhon alias Raël, leader de la secte canadienne des Raëliens, et de sa directrice scientifique française Dr Brigitte Boisselier qui travaille actuellement à cloner un bébé mort malgré le rappel de la FDA (Agence Fédérale chargée du contrôle des produits alimentaires et pharmaceutiques) que toute tentative de clonage humain doit se faire avec son autorisation. Toutefois les chercheurs entendus, jusqu’à présent, se montrent très réservés vis à vis du clonage d’êtres humains en s’appuyant sur les résultats du clonage animal. Notamment, le père de Dolly, Ian Wilmut, et Rudolf Jaenish, biologiste anglais, publient dans la revue Science que les travaux pour créer des mammifères clonés sains se révèlent plus difficiles que prévus.
Ainsi ils expliquent que la majorité des embryons clonés meurt par absence de développement embryonnaire, par malformation du placenta ou par mort fœtale pendant la gestation. Si le clone naît, il souffre souvent de dépression respiratoire ou de complication circulaire qui peuvent le tuer en bas âge.
Ceux qui s’en sortent, sont marqués par un faciès particulier et sont victimes de troubles du système immunitaire ou des fonctions rénales qui réduisent généralement leur espérance de vie. Par ailleurs, les spécialistes entendus par le Congrès estiment que le processus de clonage, en faisant l’économie d’ « une sexualité génétique » (pénétration d’un spermatozoïde dans une ovule), produirait des erreurs dans la construction de gènes, défauts qui peuvent provoquer des problèmes imprévisibles à n’importe quel moment de la vie.
Ian Wilmut et Rudolf Jaenish lancent un appel violent : “ne clonez pas des humains ! C’est dangereux et irresponsable ! ».
Par ailleurs, cette réaction anti-clonage humain pourrait servir au lobby américain anti-avortement hostile aux recherches utilisant des embryons humains. Il y a lieu de se demander si les cellules des embryons clonés, qui font tant d’animaux mal formés, ne produiront pas des lignées de cellules malades, fort peu thérapeutiques …
Libération 29/03/01 Le Quotidien du Médecin 29/03/01 Le Figaro 29/03/01