Etats généraux de la bioéthique : “la société est mobilisée”, son expertise “constitue une richesse qui ne devrait pas être négligée”

Publié le 5 Avr, 2018

« Du point de vue quantitatif, il y a de quoi se réjouir d’une certaine forme de participation citoyenne », estime Jean-François Delfraissy, le président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), qui pilote les états généraux de la bioéthique. A ce jour, 180 événements ont été organisés en régions et 80 sont encore prévus. Ces débats devraient avoir été suivis par 20 000 personnes. « Au 26 mars, le site compte 75.000 visiteurs uniques et 9.700 participants, qui ont déposé 24.000 arguments ». Les organisateurs estiment que fin avril, « on pourrait avoir 50 000 arguments déposés sur le site ». En parallèle, les auditions du CCNE concernent ou concerneront 114 associations, sociétés savantes ou institutions.

Mais cet engagement de la société civile dans le débat doit être l’objet d’une attention particulière, il ne faudrait pas « tromper les Français ». En effet, comme l’explique Emmanuel Hirsch[1] dans une tribune du Figaro, « la société est mobilisée et réclame de s’approprier de nouveaux savoirs, avec un sens évident du bien commun et une conscience profonde de nos responsabilités au regard des générations futures ». Ceux qui ont investi le débat sont « les membres représentatifs d’une société qui a envie d’avenir, de sens, de solidarités et de responsabilités partagées qui ont exprimé avec des arguments de qualité leur vision d’un monde qu”il nous faut repenser, inventer ensemble. Leur expertise constitue une richesse qui ne devrait pas être négligée ».

Le directeur de l’espace éthique d’Ile de France considère « indispensable d’accompagner avec attention et méthode la phase qui suivra ces états généraux ». Déjà, beaucoup de participants s’interrogent : « Comment seront analysées et prises en compte les nombreuses contributions rédigées par celles et ceux qui ont souhaité participer à la concertation nationale ? ». Ont-ils tord ? A l’occasion de sa conférence au Collège de France sur l’intelligence artificielle le 29 mars dernier, le président de la République « a évoqué certains des enjeux soumis à la concertation dans le cadre des états généraux de la bioéthique. Pour autant, à aucun moment cette initiative nationale n’a été évoquée. Alors que le CCNE avait souhaité qu’il soit notamment débattu de l’intelligence artificielle, avant même que ses conclusions soient présentées, c’est sur la base d’une expertise et d’un rapport que les choix politiques ont été déterminés en ce domaine ». Quel « sort (…) sera réservé aux états généraux de la bioéthique, voire à la révision de la loi » ?

Emmanuel Hirsch met en garde : les « doutes doivent être dissipés au plus tôt, afin de nous prémunir de toute désillusion ou déception dont on évaluerait mal les conséquences qu’elles pourraient avoir, dès lors qu’elles concernent notre attachement aux valeurs de notre démocratie » et interpelle : L’heure est « au rassemblement et non plus au clivage ».

 

[1]  Emmanuel Hirsch est professeur des universités, directeur de l’Espace éthique de la région Île-de-France, et président du Conseil pour l’éthique de la recherche et de l’intégrité scientifique de l”Université Paris-Saclay.

Le Figaro, Emmanuel Hirsch (04/04/2018) ; Afp (04/04/2018)

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