Etat des lieux des ”banques de la médecine”

Publié le 13 Nov, 2006

Le Quotidien du Médecin consacre un dossier sur les “banques de la médecine“. Les biobanques, indispensables pour la recherche biomédicale, collectionnent des échantillons d’origine humaine (ARN, ADN, urine, tissus, cellules souches, ovules…).

Les banques de sang de cordon conservent le sang issu du cordon ombilical, prélevé après la naissance mais avant la délivrance, dont les cellules souches, multipotentes, pourraient régénérer la plupart des tissus vitaux de l’enfant ou d’un membre de sa famille. Les banques publiques collectent les dons anonymes et gratuits qui seront utilisés pour des greffes de sang placentaire. Depuis la première greffe de sang placentaire réalisée par la Pr Eliane Gluckman (Hôpital St Louis, Paris) en 1988, ce type de greffe est devenu, dans le cas de certaines maladies du sang, une alternative reconnue à la greffe de moelle. La France compte deux banques publiques, à Besançon et à Bordeaux, dans lesquelles plus de 5 000 unités de sang placentaire sont gardées. Le réseau international, instauré par le Bone Marrow Donors Worldwide, dispose, lui, de 240 000 unités. Le quotidien rapporte que, grâce à ces dons, 174 patients français ont pu recevoir une greffe. Les banques privées, elles, stockent le sang de cordon, moyennant une somme de 1 000 à 2 000 euros à laquelle il faut ajouter environ 100 euros par année de conservation. Actuellement, les banques privées ne sont pas autorisées en France, bien qu’aucun texte ne les interdise. La probabilité actuelle qu’une unité de sang de cordon soit utilisée pour une greffe autologue serait de 1/20 000 selon le Groupe européen d’éthique des sciences et des nouvelles technologies.

Des banques de cellules souches embryonnaires ont été créés en Angleterre, aux Etats-Unis et en Asie. Elles disposent d’une centaine de lignées cellulaires stables uniquement utilisées pour la recherche. Pour obtenir des cellules souches embryonnaires compatibles, il existe en théorie deux solutions : d’une part le “clonage thérapeutique” ou transfert nucléaire (qui ne fonctionne pas chez l’homme) ; d’autre part utiliser les embryons issus de protocoles de procréation médicalement assistée (PMA) et qui ne font plus l’objet d’un “projet parental”.

Aux Etats-Unis, les agences de congélation d’ovules se multiplient (moyennant 12 000 euros pour la conservation d’une douzaine d’ovules plus 4 000 euros pour la décongélation et la fécondation in vitro). Pourtant, “le rendement des techniques de congélation des ovocytes matures est très mauvais” reconnaît le Pr Pierre Jouannet, directeur du Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos) de Cochin (Paris). Pour résoudre ce problème, il existe deux voies de recherche. La première, qui aurait déjà donné des résultats positifs consiste à congeler des fragments d’ovaires en vue d’une transplantation. La seconde, encore expérimentale, prévoit de congeler des ovocytes immatures pour les faire maturer in vitro avant fécondation.

Le réseau EuroBioBank, réseau européen de banques de matériel biologique humain, a été lancé en 2002. Ce réseau est entièrement dédié à la recherche sur les maladies rares. Le quotidien rapporte que, depuis 2003, plus de 60 études réalisées avec des échantillons collectés par les partenaires d’EuroBioBank ont été publiées.

A Marseille, à la faculté de médecine de l’université de la Méditerranée, une collection nationale publique de souches d’agents infectieux potentiellement dangereux a été constituée. D’après le quotidien, “on y trouve aujourd’hui la plus importante collection mondiale de bactéries intracellulaires strictes“. La partie virologique est quant à elle en cours de construction. “Toutes les nouvelles souches que nous avons décrites, soit une cinquantaine, ont fait l’objet de publications internationales” souligne le Pr Didier Raoult (unité des rickettsies, CNRS UMR 6020, IFR 48, Marseille). Cette collection pallie l’absence de collection nationale non privée qui plaçait la France en situation de dépendance aux collections nationales étrangères.

Aux Etats-Unis, le projet de collection de souris knock-out (K.-O.) est lancé. Le National Institute of Health a annoncé en septembre son financement à hauteur de 52 millions de dollars sur 5 ans. Les chercheurs produisent des souris K.-O. pour lesquelles ils rendent non fonctionnel le gène à étudier. L’intérêt de constituer une banque publique de souris K.-O. réside dans le fait que 99% des gènes de souris ont un homologue chez les humains. En collaboration avec l’European Conditional Mouse Mutagenesis Program, financé par l’Union européenne, et le North American Conditional Mouse Mutagenesis Project, le projet américain, Knockout Mouse Project (Komp) a pour objectif de créer des mutations dans environ 20 000 gènes de souris soit 70% de son génome.

Depuis la découverte il y a 7 ans de l’ARNi, des banques d’ARNi se sont créées pour permettre la compréhension du développement des métabolismes, des fonctionnements moléculaires et du décryptage des pathologies en génétique.

Le Quotidien du Médecin (Christian Delahaye, Elodie Biet, Dr Catherine Faber, Dr Béatrice Vuaille) 9/11/06

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