« Est-on vraiment libre, quand la mort est préférable à la vie ? »

Publié le 15 Sep, 2022

« Est-on vraiment libre, quand la mort est préférable à la vie ? ». Le philosophe Jacques Ricot en doute. « Quand on se suicide, c’est finalement qu’on ne voit pas d’autre issue possible. Que l’on a perdu sa liberté. »

« Quand on se fait du mal, on n’est pas libre », abonde Bertrand Vergely, philosophe et théologien. « Respecter les autres est le fondement de notre humanité, de la société et de la civilisation », affirme-t-il. Et « ce respect est indissociable du respect de soi-même. Quand on respecte les autres, on se respecte. Quand on se respecte, on ne se maltraite pas. »

Exercer sa liberté en aliénant celle d’autrui ?

« Assistance et suicide, l’alliage des deux mots est paradoxal, car au nom d’un principe de liberté individuelle, au nom de la volonté de disposer de mon propre corps, je me retrouve à aliéner la liberté de l’autre, qui doit approuver et participer à un choix qui n’est pas le sien au départ », analyse Jacques Ricot. « Quelqu’un doit accepter de me donner le poison pour que je puisse exercer ma liberté de choisir ma mort. Au fond, quelle est donc cette liberté qui dépend de celle d’autrui ? », interroge le philosophe.

Une rupture anthropologique

« La société n’est pas qu’une juxtaposition de libertés individuelles. Nous sommes liés, rappelle Jacques Ricot. Une loi peut être répressive, mais elle est aussi expressive : elle traduit les valeurs d’une société. » « Personne n’est seul devant ce geste », abonde Dominique Quinio, membre du CCNE et co-signataire de la « réserve » ajoutée à l’avis du comité (cf. Avis du CCNE : en marche vers l'”aide active à mourir” ?). « Cela provoque des secousses dans toute la société », juge-t-elle.

« Aider quelqu’un à mourir est un geste d’impuissance et non d’amour », affirme Jacques Ricot. Il dénonce « de la compassion dévoyée ». « C’est lui dire : oui, ta vie ne vaut effectivement rien. C’est briser un interdit civilisateur. »

Pour Bertrand Vergely, « on va tuer quelqu’un qui souffre et le problème sera réglé. Et pour faire passer la violence d’un tel geste, on va changer les mots en n’appelant plus tuer du nom de tuer. » « Avec le suicide assisté et l’euthanasie, c’est le droit de tuer qui va être légalisé, certifie-t-il. Ce droit sera très encadré, entend on ». Ainsi, « on continuera d’ignorer sa violence symbolique débouchant sur une rupture d’humanité ».

 

Sources : La Vie, Arnaud Aubry (14/09/2022) ; Le Figaro, Damien Le Guay (13/09/2022) ; Atlantico, Xavier Mirabel et Bertrand Vergely (14/09/2022) ; La Croix, Alice Le Dréau (13/09/2022), Damien Le Guay (14/09/2022) – Photo : Pixabay

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