Espagne : les évêques d’Aragon opposés à la “loi sur la mort digne”

Publié le 11 Mai, 2011

Dans une lettre pastorale intitulée "Seul Dieu est le Seigneur de la Vie", les évêques des diocèses d’Aragon en Espagne expliquent leur opposition à la "loi sur les droits et les garanties de la dignité de la personne dans le processus de mort et la mort", approuvée par le gouvernement aragonais le 24 mars 2011. Après l’Andalousie, Aragon est la deuxième communauté autonome à avoir approuvé cette loi, qualifiée par les médias de "loi sur la mort digne" et qui fera l’objet d’une loi civile du gouvernement central (Cf. Synthèse de presse du 22/11/10).

Cette loi ouvre les portes à "l’application de l’euthanasie" et ne considère pas "le droit des professionnels du corps médical à l’objection de conscience", observent les évêques, qui reconnaissent en ce dernier point une "grave lacune" puisque l’agent médical est "un sujet moral responsable personnellement de ses actes" et non un simple chaînon dans un engrenage. Ils expliquent que les lois médicales existantes et l’engagement des professionnels de santé en faveur des malades suffisent à la pratique quotidienne concernant la fin de vie.

"Gravement malade ou pas, le patient reste un homme et sera toujours un homme" dont la vie est "un bien inviolable, dont on ne peut disposer", rappellent-ils, insistant sur le fait que "la valeur intrinsèque et la dignité personnelle de chaque être humain ne changent pas, quelles que soient les circonstances concrètes de sa vie". Or, toute action médicale a pour but d’œuvrer pour le bien du malade.

Les évêques attirent l’attention sur le recours à des justificatifs comme "la qualité de vie" et mettent en garde contre les attitudes de "fausse pitié". Une grave détérioration de notre état physique ou mental ne peut aucunement justifier l’idée que notre vie est sans valeur ou indigne d’être vécue. Ils rappellent 2 grands principes du magistère à respecter : "Ne pas abréger la vie ni retarder indument la mort" et "soigner et se faire soigner". Dire la vérité au malade sur son état et "ne pas laisser seul le malade ou sa famille" sont également 2 conditions essentielles pour se préparer à la mort avec dignité, soutiennent-ils.

Enfin, les évêques abordent la question de la sédation palliative, faisant remarquer que si la sédation n’est pas en soi mauvaise, toutefois "les actions sédatives ne sont pas toutes positives". En faisant de la sédation palliative un "droit du patient", la loi risque d’entraîner un amalgame entre différentes situations en fin de vie et pourrait ouvrir la voie à des actes d’euthanasie. Pourtant, font-ils remarquer, "une personne tétraplégique, ou atteinte de la maladie de Parkinson, une personne âgée atteinte de démence sénile, ne sont pas des personnes en phase terminale ni à l’agonie […]. Établir la différence est d’une importance éthique capitale".

Zenit (Nieves San Martín) 10/05/11

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