Entre grossesses et IVG

Publié le 15 Sep, 2020

D’après une étude menée par des chercheurs américains, les femmes qui interrompent volontairement leur première grossesse ont une plus grande probabilité de recourir à nouveau à l’avortement lors de grossesses ultérieures. La recherche a été menée sur plus de 7 millions de grossesses dans 17 Etats américains sur la période 1999-2014, Les résultats ont été publiés dans le Journal of Health Services Research and Managerial Epidemiology [1].

Ainsi, les femmes âgées de 17 à 35 ans qui n’ont pas eu recours à l’avortement pour leur première grossesse ont une probabilité 7,9 supérieure aux autres de mener leur deuxième grossesse à terme. Le taux est de 8,3 pour les femmes de plus de 36 ans. Par ailleurs les chercheurs ont observé des différences significatives entre les groupes ethniques. Et selon les auteurs, « les femmes à faible revenu qui se font avorter sont plus susceptibles d’avoir plus de grossesses en général, y compris plus d’avortements ultérieurs ».

L’article rappelle également que, selon des informations de l’Institut Guttmacher datant de 2017, « la majorité des femmes [ayant eu recours à l’avortement] utilisaient un moyen de contraception lorsqu’elles sont tombées enceintes ».

Complément du 09/02/2024 : Sage Publications vient de rétracter trois articles [2] publiés dans la revue Health Services Research and Managerial Epidemiology.

L’avis de rétractation indique qu’« un lecteur a contacté la revue pour lui faire part de ses préoccupations concernant l’article de 2021 », s’interrogeant sur une potentielle présentation des données « trompeuse », sur de possibles « défauts dans la sélection des données de la cohorte », ou encore « si les affiliations des auteurs avec des organisations de défense de la vie, y compris l’Institut Charlotte Lozier, présentent des conflits d’intérêts que les auteurs auraient dû divulguer en tant que tels dans l’article ».

Ces articles ont été cités par le juge de district américain Matthew Kacsmaryk dans un jugement concernant la mifépristone, une des deux substances utilisées pour un avortement médicamenteux. Les articles visaient à prouver que la mifépristone était probablement dangereuse. Sur la base de ces articles et d’autres éléments, le juge Kacsmaryk a décidé de suspendre l’approbation de la mifépristone par la FDA (cf. Etats-Unis : la Cour suprême maintient l’accès à la pilule abortive). Une décision qui a été annulée par la suite (cf. Etats-Unis : la Cour suprême confirme le maintien de l’accès à la pilule abortive).

Pour le Dr James Studnicki, l’un des auteurs des trois études en question, ces rétractations sont « totalement injustifiées ». Elles visent à « discréditer les recherches scientifiques qui remettent en cause le parti pris pro-avortement enraciné dans le monde universitaire », dénonce-t-il. « Toutes les grandes associations de santé sont favorables à l’avortement, la plupart des revues sont favorables à l’avortement, tous les départements des universités sont favorables à l’avortement. »

 

[1] Pregnancy Outcome Patterns of Medicaid-Eligible Women, 1999-2014: A National Prospective Longitudinal Study, https://doi.org/10.1177/2333392820941348

[2] Studnicki J, Harrison DJ, Longbons T, et al. A Longitudinal Cohort Study of Emergency Room Utilization Following Mifepristone Chemical and Surgical Abortions, 1999–2015. Health Services Research and Managerial Epidemiology. 2021; https://doi.org/10.1177/23333928211053965

Studnicki J, Longbons T, Harrison DJ, et al. A Post Hoc Exploratory Analysis: Induced Abortion Complications Mistaken for Miscarriage in the Emergency Room are a Risk Factor for Hospitalization. Health Services Research and Managerial Epidemiology. 2022;https://doi.org/10.1177/23333928221103107

Studnicki J, Longbons T, Fisher JW, Harrison DJ, Skop I, MacKinnon SJ. Doctors Who Perform Abortions: Their Characteristics and Patterns of Holding and Using Hospital Privileges. Health Services Research and Managerial Epidemiology. 2019; https://doi.org/10.1177/2333392819841211

Sources : One of Us (14/09/2020) ; Journal of Health Services Research and Managerial Epidemiology, James Studnicki et al. (31/07/2020) ; Bioedge (08/02/2024) – Photo : iStock

 

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