L’enquête Baromètre santé 2016 publiée fin septembre dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire[1], informent des données sur l’utilisation de la contraception d’urgence en France entre janvier et fin juillet 2016. Depuis ces 15 dernières années, l’utilisation des contraceptifs a évolué suite notamment à la crise des pilules et l’accès à la contraception d’urgence (CU) a été facilité. Pour autant, « l’utilisation de la CU n’a pas progressé en France ».
En 2016, 6,2% des femmes âgées de 15-49 ans ont eu recours à la CU au cours des 12 derniers mois. L’utilisation de la CU est plus élevée chez les femmes jeunes : elles sont 21,4% entre 15-19 ans à y avoir eu recours au moins une fois.
La modification de la législation sur la pilule du « surlendemain »[2] en 2015, la rendant accessible sans prescription, n’a pas modifié l’utilisation de la CU.
Un facteur qui semble influencer le recours à la CU est le moyen de contraception habituel de la femme. Ainsi, les femmes sous pilule ou méthode hormonale utilisent plus souvent la CU. Celle-ci est généralement présentée comme la prévention d’une grossesse non désirée en cas d’oubli de pilule ; pilule qui est elle-même déjà vendue comme une prévention. Initialement introduite avec le prétexte de permettre une régulation des naissances « en douceur » pour éviter des avortements, la pilule a montré ses limites : aujourd’hui sur trois femmes qui avortent, deux femmes sont sous contraceptifs (cf. 216 700 IVG en 2017 : A quand une politique de prévention ? et La contraception réduit le nombre d’avortements ? Réponse d’experts). Et la pilule, malgré des remises en question de plus en plus évidentes (cf. “J’arrête la pilule” : Une remise en cause de la contraception hormonale), reste encore majoritairement utilisée par les femmes.
Parmi les autres facteurs, le comportement sexuel : 10,9% des femmes seules au moment de l’enquête ont eu recours à la CU contre 1,1% des femmes en couple. De même, plus le nombre de partenaires au cours des 12 derniers mois était élevé, plus les femmes ont eu recours à la CU : 4,6% des femmes ayant eu 1 partenaire et 22,2% des femmes ayant eu 3 partenaires et plus.
Cette étude a fait couler beaucoup d’encre : on s’interroge sur le fait que le recours à la contraception d’urgence stagne, tout en insinuant qu’il s’agit d’un échec. Mais il serait bon de questionner les motivations du recours à la contraception d’urgence, et d’éduquer à la responsabilité de ses actes, plutôt que d’encourager une fausse liberté.
[1] Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, Santé publique France (25/09/18).
[2] La pilule du « surlendemain » est une contraception d’urgence à base d’ullipristal acétate dont l’efficacité est plus longue que pour le lévonorgestrel (120 heures contre 72 heures). Cf. EllaOne® vendue sans ordonnance : une mesure contestée.