Assema, Léa et Lucie ont été engagées dans un parcours de fécondation in vitro. Si Assema s’est arrêtée car elle a atteint l’âge de 42 ans, Léa et Lucie y sont encore confrontées. Ayant toutes les trois fait congeler des embryons, elles témoignent de leur épreuve.
Après une hyperstimulation ovarienne et 90 ovocytes ponctionnés, quatre embryons ont été congelés, conçus à partir des ovocytes d’Assema. Trois le sont toujours. « Pour l’instant, nous n’avons pas pris de décision, explique Assema. Nous attendons le courrier de l’hôpital nous demandant ce que nous souhaitons faire. » « Je me sens coupable de ne pas les utiliser, car peut-être que le prochain transfert aurait pu fonctionner… », poursuit-elle. Son mari refuse de donner ces embryons à un autre couple mais Assema l’aurait envisagé. « Même si je ne saurai jamais si ça a marché, car le don est anonyme, au fond de moi, je me dirais qu’il y a peut-être mon enfant quelque part », explique-t-elle.
Pour Léa, au contraire, le don est impossible : « Ces embryons sont un morceau de nous deux, rappelle-t-elle, et étant moi-même adoptée, je sais que la recherche de soi et d’où l’on vient est très dure, et je ne veux pas voir un jour un enfant sonner à notre porte pour nous connaître ». Alors comme « les détruire [leur] briserait le cœur », le couple veut en faire don à la science [1].
« Si jamais je tombe enceinte, nous n’avons pas encore réfléchi à ce que nous ferons des autres embryons », se projette de son côté Lucie. Après avoir subi quinze transferts, « je n’imagine pas ne pas les utiliser, dit-elle. Je me sentirais obligée de tout tenter pour les faire vivre ! »
[1] NDLR : Les embryons « donnés à la science » sont in fine détruits.
Source : Parents, Emilie Veyssié (28/03/2022)