Lorsqu’elle était plus jeune, Jessica Share, habite dans les Midwest américain. Mariée quelques années avec une femme, elle achète avec elle le sperme d’un donneur anonyme, choisi pour ses caractéristiques et ses goûts personnels. Les deux femmes ont chacune porté une fille, née d’une insémination artificielle à partir du sperme du même père génétique. Les deux femmes s’amusaient souvent à identifier les points communs entre les deux sœurs, hérités, à priori, de leur père commun. L’une des deux femmes est partie, sans donner de nouvelles, avec la plus jeune des deux sœurs. Jessica Share s’est alors retrouvée seule avec sa fille Alice.
A 11 ans, très affectée par l’absence de sa sœur, Alice demande en cadeau de Noël un test ADN. L’ancienne compagne de Jessica était très hostile à une éventuelle rencontre avec le donneur, considérant que c’était l’amour parental qui constituait exclusivement la famille, mais Alice a pu juger par la suite que la famille n’était pas « forgée par le seul rôle parental » : celui-ci n’avait pas suffi à garder ensemble les deux femmes et les deux sœurs. C’est ce qui l’a poussée à partir à la recherche de sa famille génétique.
Quand la réponse du test ADN est arrivée, elle était très claire : « Aaron Long : 50%. Père. Bryce Gallo : 25%. Demi-frère ». Avec son nom et les quelques indices qui lui avaient été fournis lors du don, Jessica retrouve rapidement le père de sa fille, qui se montre très réceptif. De même son demi-frère Bryce, et d’autres enfants d’Aaron Long rencontrés par la suite. « Certains sont l’image crachée d’Alice, explique la mère. D’autres ressemblent à ma plus jeune fille. Ils ne ressemblent pas tous à Aaron, mais ils se ressemblent indéniablement ». Un vrai lien se tisse entre toutes ces personnes, comme si elles se sentaient naturellement faites pour vivre ensemble. « L’ADN est devenu beaucoup plus important qu’il ne l’était lorsque j’ai choisi pour la première fois un donneur dans un catalogue », confesse Jessica Share.
Après plusieurs années de rencontres fréquentes, considérant ces personnes comme la famille de sa fille, Jessica a choisi de les faire entrer dans la sienne : « Lorsque des hétérosexuels se rencontrent et se marient, ils se regardent souvent avec amour et pensent qu’il serait merveilleux d’avoir des petites personnes à leur ressemblance. Moi je vivais déjà avec ces petites personnes depuis dix ans. J’ai passé mon premier rendez-vous avec Aaron à lui raconter leur vie. Je le connaissais déjà et je savais qu’il ressemblait à mes filles que j’aime plus que quiconque au monde. Il faisait déjà partie de la famille d’une certaine façon. » Jessica explique même que les qualités qu’elle aime aujourd’hui chez Aaron sont aussi celles qui l’avait fait choisir ce donneur parmi d’autres, il y a plusieurs années. Elle vit désormais chez Aaron avec Alice, et plusieurs enfants génétiques d’Aaron sont venus habiter avec eux, conscients d’appartenir à une même famille.
BBC (03/01/2018) – I met my boyfriend 12 years after giving birth to his child