Sangamo Therapeuthics a présenté hier à Orlando en Floride les résultats actuels de l’essai clinique en cours. La société californienne de biotechnologie réalise des tests de modification génétique sur des patients humains, en vue d’un traitement pour les syndromes de Hunter et de Hurler[1].
L’essai de Sangamo utilise une technique de modification génétique, les nucléases à doigt de Zinc, pour que l’organisme du patient soit de nouveau à même de produire sa propre enzyme. Onze patients ont participé à l’étude, dont Brian Madeux, le premier, en 2017 (cf. Edition du génome : un premier patient traité en Californie ). Huit patients atteints du syndrome de Hunter et trois patients atteints du syndrome de Hurler. Aucun effet secondaire n’a été constaté, « ce qui était l’objectif principal de ces premiers essais ».
Concernant l’efficacité de l’expérience, les chercheurs de Sangamo sont moins positifs :
- Chez les patients ayant reçu une faible dose, aucune modification génétique n’a été effective. Chez ceux ayant reçu une dose moyenne, la modification génétique est très faible. Les résultats sont encore attendus pour les patients ayant reçu une forte dose.
- Les chercheurs ont pu observer une légère augmentation du taux d’enzyme chez certains patients Hunter, sans pour autant atteindre le niveau normal. Les patients Hurler ont, eux, atteint le taux normal d’enzyme. « C’est très prometteur » pour les patients atteints du syndrome du Hurler, a déclaré le Dr Paul Harmatz, de l’UCSF Benioff Children’s Hospital d’Oakland, qui a présenté ces résultats à Orlando.
- Aucun patient n’a présenté de diminution du taux de sucres complexes dans l’urine.
Les chercheurs de Sangamo travaillent désormais à une version « plus puissante » de ce traitement, qui serait déjà en cours de fabrication selon le Dr Sandy Macrae, président de Sangamo. « C’est une première étape, a déclaré de son côté le Dr Joseph Muenzer de l’Université de Caroline du Nord, ce n’est tout simplement pas assez puissant ». L’objectif est de permettre aux patients d’interrompre leurs traitements hebdomadaires, quand ils synthétiseront eux-mêmes suffisamment d’enzyme.
L’essai se montrant à priori non dangereux, des adolescents ont récemment été autorisés à participer aussi à l’essai clinique. « Le but ultime est de traiter les enfants en bas âge, avant que la maladie n’ait causé trop de dégâts ».
Pour aller plus loin :
Edition du génome : de nouveaux résultats dans l’essai clinique de Sangamo
Edition du génome : un deuxième patient traité en Californie
Edition du génome : où en sont les projets de thérapie chez l’homme ?
[1] Les Syndromes de Hunter et de Hurler sont deux maladies génétiques qui ont en commun de provoquer un déficit d’une enzyme chargée de décomposer les chaines de sucres complexes (les glycosaminoglycanes ou GAG). Non décomposés, ces GAG deviennent toxiques pour l’organisme, et viennent endommager les organes du patient, cerveau compris. En l’absence de traitement, ces maladies conduisent généralement au décès vers l’adolescence. Le traitement consiste en des injections hebdomadaires d’enzyme synthétique permettant de pallier au déficit enzymatique.
Daily Mail, First US attempt to cure a rare disease with genome editing fails miserably
(07/02/2019) –Japan Times (08/02/2019) – Tests suggest scientists have achieved first ‘in body’ gene editing in bid to treat rare disease