Aujourd’hui le dépistage sérique dans le sang maternel est en principe proposé à toutes les femmes enceintes entre la 14ème et la 17ème semaine de grossesse. Ce test remboursé depuis 1997 par la Sécurité sociale était au cœur du débat dans les affaires plaidées la semaine dernière devant la Cour de cassation. Cependant, cette technique ne permet de définir pour chaque femme enceinte qu’un risque de trisomie allant de 1 sur 10 à 1 sur 10 000. Quand le risque est supérieur à 1 sur 250, il est proposé une amniocentèse. Mais cette technique ne permet pas de détecter tous les enfants atteints d’une anomalie chromosomique. 40 000 amniocentèses sont pratiquées chaque année et 400 fœtus trisomiques sont ainsi dépistés. Rappelons que cet examen n’est pas dénué de conséquences puisqu’elle est suivie d’une fausse couche dans environ 1% des cas. Ainsi le nombre de fœtus trisomiques dépistés seraient équivalent au nombre de fœtus sains perdus en raison de l’amniocentèse.
Depuis une vingtaine d’années, la médecine tente donc de faire naître des enfants « zéro défaut ». Le Dr Roger Bessis, président du collège français d’échographie fœtale souligne que les médecins vont être amenés à la moindre anomalie, « au moindre délit de sale gueule in utero », à pratiquer une interruption médicale de grossesse. C’est pourquoi de nombreux parents témoignent comme Alexandre Varaut, avocat et père d’un enfant trisomique qui s’insurge contre les dérives de cet arrêt, porte ouverte à « un immonde meilleure des mondes » : « la vie handicapée est une des formes de vie, et cette autre est un peu plus compliquée : l’aider est un devoir, l’indemniser est une injure ».
Le Figaro 06/12/01