Les signataires du manifeste publié jeudi dernier dans le monde (cf. PMA : 130 médecins et biologistes “hors la loi” réclament un plan infertilité) réclament entre autre de « pouvoir pratiquer très largement le diagnostic préimplantatoire de l’embryon », aujourd’hui autorisé pour des couples comportant un risque génétique particulier. Selon eux, cela « permettrait d’éviter fausses couches et interruptions médicales de grossesse ».
Jean-François Mattei, ancien ministre de la santé et auteur des lois de bioéthiques de 1994, est opposé à cet élargissement : une telle demande « ouvre la voie à un nouvel eugénisme médical d’inspiration compassionnelle ». Cela revient « à effectuer une sélection entre six à dix embryons contenus dans une éprouvette. Ce qui n’est pas la même chose que de pratiquer un diagnostic prénatal, avec un choix binaire qui porte sur un seul embryon, présent dans le ventre de la mère ». Selon lui, le DPI sera en outre « à plus ou moins longue échéance dépassé par d’autres techniques, notamment la correction du patrimoine génétique de l’embryon »[1].
Jacques Testart, biologiste et « pionnier des méthodes de procréation assistée » désapprouve lui aussi cette réclamation : « Cette question du tri des embryons est la plus cruciale. La chasse au mauvais chromosome, sans souci des coûts anthropologiques et financiers, n’en finit plus. Le DPI est le marqueur de cette dérive vers l’eugénisme ». Autoriser l’élargissement du DPI, n’est ce pas « fabriquer un monde où tout individu différent sera suspect et risquera d’être éliminé des droits humains et sociaux ? Le monde du libéralisme génétique ». Rendre le DPI systématique « mènerait à un étiquetage de l’embryon avant sa naissance », une situation « propice à la réalisation d’un véritable eugénisme mou et démocratique ».
La Fondation Jérôme Lejeune a elle aussi dénoncé « le message eugéniste véhiculé par le manifeste des scientifiques transgresseurs portant sur la procréation médicalement assistée », à quelque jour de la journée mondiale de la trisomie 21 (cf. Un clip de sensibilisation pour la 11ème journée mondiale de la trisomie 21, Journée Internationale de la trisomie 21 : « Pour une ‘vraie’ et non une ‘bonne’ conscience »).
[1] Note Généthique : Jean François Mattei est signataire du rapport d’information de l’Académie de Médecine sur la technique CRISPR. Ce rapport soutient au contraire que le DPI ne devrait pas être remplacé par les nouveaux outils de génétique : cf. CRISPR : L’Académie de médecine publie un rapport inquiétant.
La Croix (18/03/2016); Le Figaro (20/03/2016); Fondation Jérome Lejeune (18/03/2016)