Dossier de ”La Vie” sur le clonage

Publié le 17 Jan, 2003

Le magazine La Vie consacre un important dossier sur le clonage avec les interviews d’ Axel Kahn, directeur de l’Institut Cochin de génétique moléculaire, de Mgr Barbarin, archevêque de Lyon et président du Comité épiscopal de la Santé et de Jean-Francois Mattéi, ministre de la santé. A cette occasion, la Vie lance une pétition pour faire reconnaître le clonage reproductif comme "crime contre l’humanité de l’homme".
En introduction, Jean-Claude Guillebaud explique en quoi le clonage est criminel. Les réponses sont nombreuses : "dangerosité médicale", possibilité de reproduire la copie exacte d’un être humain, suppression de la "loterie génétique" et "mise en esclavage" virtuel du futur bébé (Axel Kahn). La raison la plus grave selon Jean-Claude Guillebaud, c’est que le clonage comme l’inceste, abolit le "principe généalogique". L’homme s’inscrit dans une histoire, une lignée et a besoin d’un autre que soi "pour se perpétuer et s’accomplir". Or par le clonage, l’homme s’auto-reproduit : mon clone sera à la fois mon frère et mon fils. A ce titre Denis Salas qualifie le clonage de "crime généalogique". 
Axel Kahn répète que le clonage thérapeutique ne lui apparaît guère thérapeutique et son intérêt médical reste très "incertain, voire illusoire". Pour lui, le clonage thérapeutique illustre "le désir compulsif des scientifiques" à vouloir investir des nouveaux champs de recherche. Le clonage thérapeutique est "une totale instrumentalisation de l’être humain, créé non comme une fin mais comme un matériel d’étude". Il rappelle "ce n’est pas parce qu’une technique existe qu’elle doit être utilisée".

Il semble ainsi répondre au Dr Jean Cohen, gynécologue et pionnier de la lutte contre la stérilité pour qui le clonage peut devenir un simple mode de procréation assistée quand il sera sans danger pour l’enfant.

Mgr Philippe Barbarin craint qu’on ne puisse éviter le clonage car "nous sommes dans une société qui juge impossible d’arrêter le progrès technique". Or "résister à cette pression, c’est une question de force sociale et politique, une question de démocratie". Pour chaque découverte, il faut savoir si elle utilisée pour le pire ou le meilleur. Le clonage fait sortir de la procréation pour entrer dans une logique de reproduction. L’archevêque de Lyon voit dans le clonage reproductif "une monstruosité" et dans le clonage thérapeutique "un piège". Quant aux embryons surnuméraires, Mgr Barbarin demande de ne pas les utiliser pour la recherche et de ne plus en produire. "L’embryon humain n’est pas une chose".

Le dossier présente également les positions des différentes religions sur le clonage. Si toutes condamnent le clonage reproductif, les positions sont plus partagées autour du clonage thérapeutique. Sommairement, les églises catholique, orthodoxe et dans une certaine mesure musulmane refusent le clonage thérapeutique. Une majorité de protestants et de juifs soutient cette voie de recherche dans la mesure où l’embryon prendrait son humanité à l’âge de 40 jours (judaïsme) ou une fois implanté dans l’utérus (protestantisme).

Le ministre de la santé, Jean-François Mattéi, explique une nouvelle fois son opposition absolue au clonage reproductif. Il refuse également le clonage thérapeutique car il "repose sur l’obtention d’un très grand nombre d’ovules et risque donc de générer un trafic". Le terme "thérapeutique" lui paraît être "une tromperie" puisque la technique "n’a pas réellement fait la preuve de son efficacité chez l’animal". Interviewé en tant que "catholique", il explique pourquoi il souhaite autoriser la recherche sur les embryons surnuméraires sachant qu’il va ainsi à l’encontre des positions de l’Église. Jean-François Mattéi justifie ce choix en disant : "la médecine a toujours avancé par transgression ". Il a "choisi d’aller dans le sens de la transgression" mais ne souhaite pas "porter atteinte à la vie, dès son commencement". Enfin, Jean-François Mattéi invite l’Eglise à faire évoluer son message car pour lui, refuser la recherche sur l’embryon serait nier les progrès de la médecine et créer un fossé entre les catholiques. 

Consultez le dossier Clonage de Gènéthique

La Vie (Claire Legros, Paola Genome, Jean-Pierre Denis, Etienne Séguier, Dominique Fonlupt) 16/01/03

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