Le 14 avril, le projet de loi santé était adopté en première lecture à l’Assemblée (cf. Gènéthique Vous Informe du 14 avril 2015). Ce texte contient un amendement qui inquiète les médecins et les infirmiers en charge des prélèvements d’organes. L’« amendement Touraine » prévoit en effet qu’« en cas de non-inscription au registre des refus, les médecins informeront les proches de leur intention de prélever » (cf. Synthèse Gènéthique du 25 mars 2015).
Son application aurait pour effet d’« écarter les familles » que les médecins, jusqu’à présent, étaient sommés par la loi de consulter afin de « recueillir (…) une éventuelle opposition au don exprimée de son vivant par le défunt ».
L’équipe de prélèvement d’organes du CHRU de Lille s’inquiète de l’approche « totalement utilitariste » adoptée par l’Assemblée en vue d’« augmenter le nombre de greffes ».
Cette modification de la loi « risque de casser l’indispensable lien de confiance qui nous lie aux familles », témoigne le docteur Florence Lallemant, membre de la coordination de prélèvement d’organes et de tissus au CHRU de Lille. Elle insiste sur l’importance qu’il y a à « ne pas occulter la question du sens du don ».
« Peut-on imaginer que demain on dise aux parents qui ont perdu leur enfant : ‘Il n’est pas inscrit sur le registre des refus, on va donc lui prélever des organes’ ? Ce serait d’une violence absolue », ajoute l’infirmière Marie Samyn.
Cet amendement a été déposé par le député Jean-Louis Touraine afin de « protéger les proches en les déchargeant d’une décision trop lourde ».Christine Bizet, infirmière, est convaincue « que la famille aurait encore plus de mal à assumer le poids d’une décision sur laquelle elle n’aurait pas pu se prononcer ».
Quelques chiffres
Le taux d’opposition national au prélèvement d’organes était de 33% en 2013.
En 2014, en France, 20 311 patients étaient en attente d’un organe, et 5 357 greffes ont été recensées.
La Croix(Pierre Bienvault), 05/05/2015