Don de sperme : proposition de loi repoussée sur la levée de l’anonymat

Publié le 4 Jan, 2007

A la demande du ministre de la Santé, Philippe Bas, la député UMP Valérie Pécresse a du renoncer à présenter devant l’Assemblée nationale son projet de loi prévoyant dans le cas du don de sperme le choix entre le don anonyme ou identifié.

La question de la levée de l’anonymat du don de sperme est devenue un vrai débat. Les premiers Cecos (centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain) ont été créés en 1973. 50 000 enfants seraient nés par insémination artificiel avec donneur. Depuis une quinzaine d’années, environ 25 jeunes adultes nés de cette technique ont contacté un Cecos pour connaître l’identité du donneur. Comme Estelle, 23 ans, qui multiplie les démarches pour connaître l’identité de son "père biologique". Elle veut pouvoir "mettre un visage, connaître la première pièce du puzzle". "Comment pouvons-nous nous construire sans connaître nos origines ? Comment faire des enfants à notre tour ?". "C’est toute la question de la filiation qui est en jeu" explique l’Académie de Médecine. Ce rapport aux origines est une question pressante dans notre société comme peut le montrer l’envolée des commandes de tests de paternité…
94 % des parents qui ont eu recours à un donneur anonyme sont favorables au statu quo et au maintien de la loi actuelle.
Les équipes médicales, de leur côté, craignent que la levée de l’anonymat n’entraîne une chute des dons de sperme. C’est le cas du Royaume Uni, où l’anonymat a été levé en avril 2005, qui doit notamment importer du sperme des Etats-Unis.

Pour le Pr Georges David : "Avec la gratuité, l’anonymat fait partie du socle éthique qui fonde le don d’organes en France. A-t-on bien mesuré ce qu’on est en train de remettre en cause ?" Le psychologue Jean-Loup Clément n’est pas favorable à la levée de l’anonymat comme il l’explique "Mon père, c’est mon père" (ed. L’Harmattan). Pour lui, "il ne faut pas confondre secret et anonymat. On peut dire la vérité sans que le donneur de sperme soit nommé".
La psychanalyste Geneviève Delaisi de Parceval plaide pour une levée totale de l’anonymat. Elle explique qu’à la différence de l’abandon, le don est considéré comme un acte positif. L’enfant n’a pas "à réparer la blessure narcissique d’avoir été abandonné" mais il veut simplement identifier son père biologique.

La Vie (Claire Legros) 04/01/07

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