Le Comité Consultatif National d’Ethique organise aujourd’hui et demain les Journées d’éthique au cours desquelles sera rendu public l’avis sur la question de l’anonymat dans la procréation médicalement assistée.
Depuis les années 70, le don est "anonyme et gratuit" selon une règle édictée par les Cecos (centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains) mais cette règle ne fait plus l’unanimité.
La psychanalyste Geneviève Delaisi de Parceval est très partisane de la levée de l’anonymat. "Les demandes d’adultes nés par insémination artificielle avec donneur (IAD) et qui sont en souffrance ne cessent d’augmenter". Elle est soutenue par l’association Maïa qui estime que l’enfant conçu par IAD devrait pouvoir connaître l’identité du donneur à sa majorité. Pour le psychanalyste Serge Tisseron, c’est au nom de la connaissance génétique et pour des raisons médicales que la levée de l’anonymat est essentielle.
Jean-Loup Clément, psychologue au Cecos de Lyon, a mené une enquête sur 21 hommes et femmes de 18 à 40 ans nés de cette technique. Il explique que "tous, sans exception, sont favorables à l’anonymat", ce que confirme le Dr Jean-Marie Kunstmann du Cecos de l’hôpital Cochin. "Nous n’avons pas été recontactés par des enfants souhaitant connaître le donneur, sauf dans quelques rares cas, lorsque le père social n’avait pas joué son rôle et que l’enfant se cherchait une référence". Le Dr François Thépot, directeur médical et scientifique adjoint à l’agence de biomédecine, revient sur la motivation même du donneur de sperme et explique "si l’on commence à toucher à l’anonymat, toute la logique du système, qui est d’aider un couple stérile et pas de recréer une famille parallèle, s’effondre".
Depuis 30 ans, 40 000 enfants ont été conçus par IAD.
La Croix (Marianne Gomez) 28/11/05