La question des mères porteuses est source de divisions au Parti socialiste. Alors que le think tank Terra Nova s’était prononcé en faveur d’une légalisation des mères porteuses en février 2010 (Cf. Synthèse de presse du 12/02/10), plusieurs personnalités socialistes dont Michel Rocard, Elisabeth Guigou, Lionel Jospin et Benoît Hamon dénoncent cette "pratique rétrograde" et espèrent que la France saura "rester ferme dans son refus de cette régression catastrophique". Le recours à la gestation pour autrui (GPA) "participe d’une logique profondément réactionnaire pour les droits des femmes" écrivent-ils dans un texte publié le 22 novembre 2010 sur le site Internet de Terra Nova et signé par une trentaine de membres du PS.
A l’approche du débat parlementaire sur le projet de loi de bioéthique, le bureau national du PS va bientôt se réunir pour clarifier ses positions concernant les mères porteuses et l’anonymat du don de gamètes. Najat Vallaud-Belkacem et Bertrand Monthubert avaient rendu un rapport favorable à la légalisation des mères porteuses (Cf. Synthèse de presse du 22/10/10). Selon eux, "la gestation pour autrui peut constituer un véritable don" et n’entraine pas de marchandisation du corps. Les rapporteurs proposent des règles pour encadrer la pratique : les gestatrices devraient déjà être mères, n’accepter qu’une grossesse et ne pas porter un enfant pour un de leurs descendants et l’enfant devrait être issu uniquement des gamètes des "parents d’intention". Najat Vallaud-Belkacem et Bertrand Monthubert proposent enfin que la Sécurité sociale prenne en charge les frais de la grossesse.
En janvier 2010, leur rapport avait recueilli le soutien de plusieurs parlementaires socialistes dont les sénateurs Robert Badinter, Michèle André et François Rebsamen. 44 sénateurs socialistes avaient alors déposé un projet de loi visant à "légaliser et encadrer" la gestation pour autrui (Cf. Synthèse de presse du 29/01/10).
Contre l’avis du groupe de travail socialiste sur la bioéthique, le texte signé par Michel Rocard et Lionel Jospin souligne le caractère aliénant de la GPA et prévoit qu’une légalisation entrainerait inévitablement des conflits judiciaires douloureux dont les enfants seront les premières victimes. "Partout où elle a été légalisée dans le monde, elle se traduit concrètement par une nouvelle exploitation, radicale, au sens où il s’agit de la prise de contrôle sur la vie d’un être humain pendant neuf mois, et généralement d’un rapport inégalitaire et d’aliénation, entre commanditaires aisés et mères porteuses défavorisées".
Ce texte a aussi été signé, entre autres, par la philosophe Sylviane Agacinski, la psychanalyste Caroline Eliacheff, le professeur René Frydman.
Le Monde (Anne Chemin) 23/11/10