« J’observe que le temps du mourir est par nature singulier et exceptionnel, et que l’enjeu est de le reconnaître et de le respecter en ce qu’il est personnel, intime et ultime, donc irréductible à une approche relevant seulement du débat d’idées, de la discussion juridique, d’un protocole médical ou d’un agenda politique. C’est pourquoi humaniser et socialiser la fin de vie me semble d’une toute autre valeur qu’en médicaliser l’assistance et qu’en légaliser les normes et les règles. »[1].
Dans un essai empreint de beaucoup d’humanité, de nuances et de délicatesse, et alors que la Convention citoyenne a rendu ses conclusions et que le chef de l’Etat a annoncé un projet de loi pour la fin de l’été, Emmanuel Hirsch, professeur émérite d’éthique médicale à l’Université Paris-Saclay, interroge, invite à réfléchir, sans imposer son point de vue. Bien qu’il soit clair.
« A l’épreuve de circonstances qui déjouent bien souvent les illusions de maîtrise, les a priori ou les représentations idéalisées ou idéologisées de ce que serait un “bien mourir” ou une “mort dans la dignité”, les vérités théoriques s’avèrent décevantes et trop souvent inconsistantes. »[2] Car c’est dans la rencontre que s’appréhende la fragilité et que se redécouvre la dignité inhérente à tout être humain.
Face à la « tentation de l’abandon [qui] menace à tout instant », « accompagner en société la personne jusqu’au terme de son existence, lui permettre d’accéder aux soins qui apaisent les souffrances, à la sollicitude de présences bienveillantes et compétentes respectueuse de ce qu’elle est, attentive à ses attentes, est un devoir d’humanité qui nous engage »[3].
Y serons-nous fidèles ?
Editions : Cerf
Date de parution : mars 2023
Nombre de pages : 176
[1] Devoir mourir, digne et libre, éditions du Cerf, p.28.
[2] Ibid p.16
[3] Ibid p.14
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