Au Japon, deux médecins ont été arrêtés jeudi, soupçonnés d’avoir euthanasié une femme de 51 ans en novembre dernier. Yuri Hayashi était atteinte de la maladie de Lou Gehrig[1] depuis 2011, une maladie neurologique dégénérative, également appelée sclérose latérale amyotrophique. D’après les premiers éléments de l’enquête, elle aurait contacté les deux médecins, via les réseaux sociaux et les groupes de promotion de l’euthanasie. « La police pense que les médecins ont fait des préparatifs minutieux le jour de sa mort afin de pouvoir quitter les lieux rapidement » : le matin, la femme a prévenu son aide à domicile que deux « connaissances » allaient lui rendre visite. Les médecins sont restés chez elle « environ cinq à dix minutes ». Peu après leur départ, la femme a été trouvée inconsciente. Rapidement transférée à l’hôpital, elle y est décédée peu après. L’enquête a été ouverte dès que des sédatifs barbituriques ont été retrouvés dans son organisme.
La police préfectorale de Kyoto pense que les deux médecins ont été payés pour injecter une forte dose de ce sédatif dans la sonde gastrique de la patiente. Utilisé pour le traitement de certains épileptiques, ce sédatif engendre de nombreux effets secondaires, seuls les médecins peuvent s’en procurer. Celui-ci « peut supprimer la respiration et entraîner la mort s’il est injecté en grande quantité ». Il est souvent conseillé par les groupes pro-euthanasie.
Le premier médecin, Yoshikazu Okubo, 42 ans, dirige une clinique à Natori. Naoki Yamamoto, le second, 43 ans, est médecin généraliste à Tokyo. Aucun des deux n’était son médecin traitant. La femme aurait fait un virement de plus d’1 million de Yens [plus de 8000 €] sur le compte bancaire du Dr Yamamoto.
Sur un blog anonyme appartenant a priori au Dr Okubo, « le médecin avait écrit à plusieurs reprises sur son soutien à l’euthanasie ». Il s’y présente comme un « médecin généraliste rural » qui « a dédié » son site internet à « ceux qui veulent vivre une vie ‘riche’ et ‘courte’ ». « Je crois que les personnes qui souffrent de maladies neurologiques chroniques, entre autres affections, (…) devraient pouvoir trouver une libération par certains moyens comme une injection ou des médicaments », a-t-il écrit en mai l’année dernière, six mois avant la mort de Hayashi.
Yasuhiko Funago, un homme politique japonais atteint également de la maladie de Lou Gehrig, a déclaré quant à lui dans un communiqué : « la chose la plus importante est de créer une société qui protège le ‘droit de vivre’ plutôt que le ‘droit de mourir.’ »
The Japan Times (25/07/2020)
Japan FM, Vegeta (24/07/2020)
Photo : PixabayDR