Dans son dossier Sciences & Ethique, le quotidien La Croix montre comment l’évolution de la pollution met en danger la capacité des êtres vivants à se reproduire. Ainsi les "progrès" de la modernité industrielle et pharmaceutique, des pesticides à la pilule contraceptive, auraient engendré des dysfonctionnements hormonaux, des dérèglements des appareils génitaux, des contacts viraux chez l’homme.
Si les études sur ce sujet sont récentes et peu nombreuses, on a déjà constaté que des "perturbateurs endocriniens", présents dans l’environnement, pouvaient agir négativement sur la formation de l’appareil génital et le bon fonctionnement de la reproduction des animaux, en particulier chez le mâle. Ainsi a-t-on retrouvé des saumons féminisés dans les lacs canadiens, des alligators dotés de micropénis en Floride…
De telles anomalies commencent à s’observer chez l’homme. Les épidémiologistes sont inquiets face à certains indicateurs de la reproduction. Ainsi le Danemark, pays à la pointe de telles études, a été le premier à constater des atteintes du système de reproduction de sa population masculine : diminution de la qualité et de la quantité spermatique de l’homme, taux croissant de cryptorchidie et, chez l’homme jeune, de cancer des testicules (non-descente des testicules dans les bourses à la naissance). La situation serait comparable en France.
Des observations ont permis de cibler certains facteurs à l’origine de la dégradation des capacités reproductives de l’homme : les pesticides persistants, les polluants atmosphériques ou organiques, les pilules contraceptives, le tabac… L’action de ces "perturbateurs endocriniens" est "sournoise et différée" car "l’impact sanitaire ne semble pas s’arrêter à la génération exposée", explique Rémy Slama, épidémiologiste à l’Inserm. Une étude américaine a ainsi établi une corrélation entre le taux de phtalates (plastifiants présents dans les produit PVC) détecté dans l’urine du nouveau-né et une malformation anatomique (une diminution ano-génitale) ce que les chercheurs interprètent comme une féminisation des bébés garçons.
La Croix (Denis Sergent) 29/08/06