Dépister les anomalies génétiques d’un fœtus par l’analyse du génome des cellules fœtales présentes dans le sang de la mère : tel est l’objectif de plusieurs équipes de biologistes dans le monde.
En France, l’Agence nationale de la recherche (ANR)* vient de décider le financement du dépistage de la trisomie 21 par ce biais, pour un montant de 659 907 euros. Ce projet réunit les unités publiques 807 et 781 de l’Inserm (dirigées respectivement par Patrizia Paterlini-Bréchot et Jean-Paul Bonnefont), le laboratoire d’histologie, d’embryologie et de cytogénétique de l’hôpital Necker (dirigé par Serge Romana) et la société privée Metagenex.
"Notre projet vise la validation technique et clinique d’une méthode, à la fois innovante et sans risque de fausse couche, de dépistage précoce de la trisomie 21 fondé sur le tri et l’analyse des cellules fœtales qui circulent dans le sang maternel", expliquent les auteurs de l’étude. "Le principe de cette méthode a déjà été appliqué avec succès au diagnostic prénatal de la mucoviscidose et de l’amyotrophie spinale." Le dépistage prénatal des anomalies chromosomiques, et notamment de la trisomie 21, est une "priorité en termes de santé publique", expliquent-ils. Cette nouvelle méthode pourrait bientôt être proposée "en routine" à toutes les femmes enceintes.
Cependant, le projet est actuellement bloqué par un différend de "nature éthique", entre l’Inserm et la société Metagenex, sur l’application de ce dépistage dans le domaine de la cancérologie. Pour résoudre ce conflit, Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, vient de mandater une mission d’inspection. L‘APHP et l’université Paris V également propriétaires des brevets ne soutiennent pas l’Inserm dans ce conflit.
*L’Agence nationale de la recherche – ANR – établissement public à caractère administratif créé le 1er janvier 2007, est une agence de financement de projets de recherche. Son objectif est d’accroître le nombre de projets de recherche, venant de toute la communauté scientifique, financés après mise en concurrence et évaluation par les pairs. La sélection des projets retenus dans le cadre d’appels à projets (AAP) est effectuée sur des critères de qualité pour l’aspect scientifique auxquels s’ajoute la pertinence économique pour les entreprises. L’ANR bénéficie, pour l’année 2007, d’une capacité d’engagement de 825 millions d’euros pour des projets de recherche d’une durée maximale de quatre ans.
NDLR : Rappelons que cette technique n’est pas destinée à guérir les enfants trisomiques mais à mieux les dépister pour mieux les éradiquer à défaut de supprimer la maladie. Souvenons nous qu’aujourd’hui 98% des enfants trisomiques qui sont dépistés sont avortés. On ne peut que déplorer que ces efforts de recherche publique sur la trisomie 21 soient de nature eugénique et non thérapeutique.
Le Monde (Jean-Yves Nau) 20/07/07 –