Le débat sur la fin de vie entre dans la campagne présidentielle. L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) demande une nouvelle loi instaurant "une aide active à mourir". L’ADMD "accroit ses pressions en faveur de la légalisation de l’euthanasie", alors que le Parlement a adopté le 22 avril 2005 une loi sur la fin de vie, la loi Leonetti.
L‘ADMD fait actuellement circuler un petit livret blanc recensant une trentaine de témoignages de personnes ayant été confrontées à des situations liées à la fin de vie. L’ ADMD interroge : "Tous ces cas témoignent du besoin qu’ont les Français d’envisager leur mort dans la sérénité, dans la dignité. Au nom de quoi le secours d’un suicide médicalement assisté ou d’une aide active à mourir dûment encadré par la loi leur serait-il refusé, à une époque où leur est librement concédé le droit de concevoir ou non, de mener une grossesse à son terme ou de l’interrompre ?"
Le Pr Bernard Devalois, président de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), estime que plus des trois quarts des situations de "souffrances vécues" présentées dans ce Livre Blanc résultent d’une mauvaise application de la Loi Leonetti : "Nous ne nions pas que des situations d’acharnement thérapeutique existent en France, mais elles continuent de perdurer parce que cette loi est dramatiquement mal connue, à la fois par les citoyens et les professionnels de santé. L’urgence aujourd’hui est donc de se donner les moyens d’appliquer la loi, pas d’en voter une nouvelle".
Il plaide une meilleure application de la loi. "Ce que l’ADMD oublie de dire, c’est que la loi fait obligation au médecin de ne pas faire subir d’obstination déraisonnable au patient. Elle instaure juste une procédure de concertation qui permet au médecin de trouver la solution la plus raisonnable", précise le Pr Devalois.
Le Parisien publiait hier, mardi 6 mars, une enquête sur le lobbying de l’euthanasie pendant la campagne présidentielle. " Le problème, c’est que l’on est face à une stratégie très organisée. Ils communiquent très bien sur le registre de l’émotion, de la peur, de la souffrance, et qui ne serait pas sensible à cela ?", explique Louis Puybasset, réanimateur à la Pitié-Salpetrière, membre de la Société française de réanimation.
Le journal publiait aussi un entretien avec Marie Humbert qui a été soutenue par l’ADMD pendant le débat sur la mort de son fils, mais "la jugeant trop extrémiste, s’en est depuis éloignée". Elle déclare notamment "avoir été manipulée par cette association".
Plusieurs candidats se sont exprimés sur le sujet. Le programme du parti socialiste prévoit une loi permettant aux médecins d’apporter "une aide active aux personnes en phase terminale de maladies incurables ou dans un état de dépendance incompatible avec leur dignité". Nicolas Sarkozy a également évoqué une éventuelle légalisation de l’euthanasie (cf. synthèse de presse du 21/02/07). François Bayrou a indiqué, le 15 février sur France 2, être favorable à ce que l’on ne prolonge pas inutilement la vie.
Le président de l’Académie pontificale pour la Vie a, lui, mis en garde contre l’euthanasie par omission. Mgr Elio Sgreccia réagissait aux propos du cardinal Carlo Maria Martini qui avait cité en exemple la loi française de 2005 selon laquelle "le refus des soins de la part du patient doit être écouté et suivi par le médecin, après avoir expliqué au patient les effets du refus". Pour Mgr Sgreccia, "quand il s’agit de thérapies proportionnelles (du point de vue médical) et ordinaires (du point de vue du patient), il y a l’obligation morale de les offrir et de les accepter".
La Croix (Pierre Bienvault) 7/03/07 – Le Parisien (Marc Payet, Valérie Brioux) 6/03/07 – Famille Chrétienne 03/03/07